Le système du crédit social fait-il son entrée dans le système médical français

Le système du crédit social fait-il son entrée dans le système médical français

L’Assurance Maladie a proposé le 8 février dernier la mise en place d’un « forfait médecin traitant unique ». Ce forfait détermine un prix forfaitaire pour chaque patient selon sa situation sociale (détenteur de l’ACS, de la CMU…) et la bonne réalisation de vaccins et d’examens de dépistage (vaccination antigrippale, vaccination anti-HPV, dépistage du cancer colorectal, réalisation du fond d’œil pour les diabétiques…). Autrement dit, plus le patient réalise les vaccins et les dépistages proposés, plus son médecin reçoit d’argent de la Sécurité Sociale.

Il existe déjà trois forfaits pour la rémunération du médecin traitant. Cette rémunération forfaitaire représente environ 10% de son chiffre d’affaires annuel, le reste étant constitué par la rémunération à l’acte. L’un de ces forfaits est la fameuse ROSP (« rémunération sur objectifs de santé publique »), refusée par certains médecins pour des raisons déontologiques, qui établit des pourcentages conditionnant une certaine rémunération. Par exemple, pourcentage de patients s’étant fait vacciner contre la grippe, pourcentage de prescriptions d’antibiotiques.

Il faut souligner que, dans le cadre de la ROSP ces  restent anonymes. Si le nouveau « forfait médecin traitant » est mis en place (ce qui va être compliqué d’un point de vue administratif au vu du nombre de renseignements qu’il va falloir gérer), l’anonymat sera rompu, le médecin saura combien tel ou tel patient lui rapporte, et pourquoi. Plus un patient aura bien fait ce que les autorités sanitaires lui demandent, plus son médecin traitant sera payé. Ainsi que l’indique Thomas FATOME, le Directeur Général de la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie) : « On bascule d’une logique par patientèle à une logique par patient ». Le secret médical sera rompu lui aussi puisque les autorités administratives seront au courant du dossier de chaque patient.

Un médecin peu scrupuleux pourra ainsi prioriser les patients qui lui seront le plus rentables. La relation médecin-patient, déjà bien mise à mal suite au désastre vaccinal covidien, va encore se dégrader. La déontologie est atteinte dans ses bases les plus élémentaires. Ainsi que le dénonce sur X (Twitter) le Dr Guillaume BARUCQ : « On monétise les patients selon leur degré d’obéissance, non plus au médecin, mais à l’administration ».

Ce nouveau forfait est requis par la CNAM en échange d’une hausse du tarif de la consultation (passage à 30 euros) demandé par les syndicats de médecins généralistes (qui se disent représenter les intéressés). La CNAM demande également « l’amélioration de l’accès aux soins » par l’augmentation de l’installation de généralistes dans les zones sous-dotées, et la réduction de certaines prescriptions d’examens biologiques et d’arrêt de travail. Pour l’instant les moyens que la CNAM compte mettre en œuvre pour cela ne sont pas détaillés…

Tout cela indique une mise en place progressive d’une rémunération salariale des médecins (en particulier généralistes), comme l’a d’ailleurs souhaité Macron : il faut « quitter le modèle de la rémunération à l’acte ». Les médecins perdront leur indépendance. De même la mise en place progressive d’une rémunération en fonction des objectifs des autorités pseudo-sanitaires mondialistes accroîtra le contrôle des prescriptions et la soumission des médecins et des patients. La menace d’une forme de crédit social se précise peu à peu.

Dr Marie 

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Où en est la bioéthique en France ?

Où en est la bioéthique en France ?

Après la constitutionnalisation de la « liberté d’avorter », à une encablure d’une loi sur la fin de vie dont la discussion devrait commencer en juin, centrée sur le suicide assisté et prévoyant pour les cas où celui-ci est impossible « l’exception d’euthanasie ». Sur le plan de la gravité et de la symbolique des initiatives réussies ou qui risquent de prospérer sous Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs, cette présidence d’un homme qui a fait le choix de ne pas procréer aura été l’une des plus transgressives de l’histoire de France. Mise en œuvre par lui et ceux qui l’entourent, elle est un assaut multiforme contre la vie, la famille, la lignée, les liens constitutifs d’une société ordonnée au bien commun. Le gendre idéal, le Jupiter lisse qui a le soutien des gens conformistes, bien installés et convenables (sans compter ceux qui se souviennent de lui comme de leur sauveur face à la menace mortelle du covid) est en train de détruire, morceau par morceau, ce qui nous reste de civilisation. Il nous a précipités dans la Révolution par excellence, celle qui fait table rase de tout, y compris de l’homme lui-même et de ce qui fait son humanité.

On nous dit – dans le domaine de la bioéthique, bien sûr, pas celui des paysans, des droits des parents ou de la liberté d’éducation, pour n’évoquer que ceux-là – que l’heure est à l’autonomie absolue de la personne, à la prise en compte de tous les droits et au respect de chacun dans sa liberté de vivre et de procréer. Mais le vrai message que susurre ce discours en apparence bienveillant tient en cinq mots : « Vous serez comme des dieux. » Avec lui, c’est à chaque homme, à chaque femme, et à toutes leurs déclinaisons intermédiaires et changeantes qu’appartient le droit de dire « son » bien, « son » mal, pourvu qu’il aille contre leur acception traditionnelle. Le bien commun, quant à lui, est remplacé par l’ego, ou la somme des ego, et la politique est priée de les servir, même dans ce qu’ils ont de plus conflictuel. Avec un bonus pour le droit du plus fort, par le fait même.

Pour prendre la mesure de ce grand bouleversement qui s’apprête aujourd’hui à franchir de nouvelles étapes fondamentales, il faut souligner le rôle joué par la science, la technique, la machine. Ce faisant on comprendra qu’il ne s’agit en effet que d’une étape: l’avènement de l’intelligence artificielle, de l’homme augmenté et des robots de plus en plus humanoïdes prolongeront – si nous les laissons faire – et aggraveront l’exercice de la haine contre notre nature. Cette nature est niée, nous ne vaudrions pas plus que les autres espèces sur notre planète divinisée… Alors que nous sommes corps et âme créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, appelés à jouir avec lui d’une joie éternelle et à cette fin, soumis à ce que l’on pourrait appeler le mode d’emploi divin qui affirme, à travers la morale, les conditions de notre bonheur.

Revenons à la science. Le ministère de la Santé définit la bioéthique comme un « ensemble de recherches, de discours et de pratiques, généralement pluridisciplinaires, ayant pour objet de clarifier ou de résoudre des questions à portée éthique suscitées par l’avancement et l’application des technosciences biomédicales ».

Tout ce qui renverse aujourd’hui l’ordre établi a été rendu possible par la médicalisation de la procréation (ou son évitement) et la démédicalisation de ce qui était naguère, dans la plupart des cultures du monde, considéré comme un désordre psychiatrique.

D’un côté, le succès (on ne parle guère des inconvénients) de la contraception mécanique ou hormonale sous toutes ses formes, la sécurisation de l’avortement (pour la mère, s’entend), chirurgical ou chimique, l’accès aux gamètes et aux embryons humains, que l’on peut modifier, étudier et détruire, trier, fabriquer, implanter où l’on veut et peut-être un jour dupliquer sans même avoir recours à autre chose qu’à l’ADN de l’intéressé, fait progresser la maîtrise de la fertilité et l’artificialisation de la procréation.

De l’autre, la relative « propreté » de l’élimination du souffrant ou du gêneur en fin de vie ou fatigué de vivre : antalgiques, sédation, poison mortel vous ont aujourd’hui un petit air de médecine compatissante. Fabriquer la vie ou précipiter dans la mort relève aujourd’hui de la technique de laboratoire assistée par le discours politico-médiatique. C’est le progrès !

Et nous en sommes là justement : à l’idée que toutes ces innovations prométhéennes doivent être accessibles à tous, moyennant quelques interdits de façade, plus ou moins pérennes.

Ce n’est pas par hasard que la PMA – la procréation médicalement assistée – a été étendue à toutes les femmes, qu’elles soient célibataires ou en couple de même sexe, sous le premier quinquennat Macron. Il a paru ces jours-ci dans Le Monde un long entretien avec une psychologue, Alix Franceschi-Léger, où elle parle de ses couples qui ont « l’impression de se transformer en machine » en confiant leur désir d’enfant au médecin, et en assumant toute la lourdeur de cette procédure qui est très loin d’aboutir à chaque fois. Mais cette lourdeur, si parlante, qui en dit tant sur l’aspect anti-naturel de ce forçage des corps de l’homme et surtout de la femme, est gommée du débat public. Un enfant sur trente est aujourd’hui conçu de cette manière, dans l’éprouvette du technicien : père et mère sont en voie de devenir des catégories vouées à la confusion, on ne sait plus qui est qui, qui est quoi, la légitimité de la descendance est devenue une blague. Amoyen et à long terme, c’est le chaos qui s’annonce, soutenu par des lois de filiation profondément révolutionnées, elles aussi sous Macron.

Alors que la France connaît un déficit de naissances historique, le président a annoncé le « réarmement démographique », avec un « grand plan de lutte contre l’infertilité ». PMA étendue, congélations d’ovocytes en feront-elles partie ? C’est la tendance mondiale, de la Russie aux Etats-Unis ; la Chine rendue exsangue par sa politique de l’enfant unique subventionne depuis peu la fécondation in vitro. A force de jouer aux apprentis sorciers les Etats prennent la main…

La PMA a aujourd’hui un visage à la tête de l’État :celui de Gabriel Attal, Premier ministre qui a brandi son homosexualité comme un symbole lors de son premier discours de politique générale et qui a lui-même révélé il y a trois ans être né d’une fécondation in vitro. Attal s’est aussi montré favorable à la GPA, la « gestation pour autrui » qui est en réalité une location d’utérus. Il s’est dit « pas contre une GPA éthique » lors d’un entretien en 2019. Comme si c’était possible. Comme s’il pouvait être « éthique »de fabriquer des embryons, d’en choisir un ou plusieurs selon leur bonne santé, de les implanter chez une mère pour être portés pendant neuf mois et de lui arracher le fruit de ses entrailles à la naissance. Logiquement, c’est la prochaine étape législative. Y arriverons-nous ? Sinon aujourd’hui, du moins avant la fin du deuxième quinquennat Macron ?

Le débat sur la constitutionnalisation de l’« interruption volontaire de grossesse » risque fort d’avoir pour conséquence d’éliminer les espoirs ou plutôt les illusions de ceux qui pensent possible le maintien de quelques barrières dans le domaine. Quasiment comme un seul homme, les députés ont décidé par 493 voix contre 30, et 23 abstentions, d’inscrire la liberté d’avorter dans la « carte d’identité » de la République. Et même parmi les opposants si peu nombreux, personne n’a affirmé le droit de vivre de l’enfant conçu en tant qu’être humain unique et irremplaçable, membre à part entière de notre espèce : ils ont plutôt souligné que l’accès à l’avortement n’était de toute façon pas menacé.

Autrement dit, et quoi qu’ils en pensent dans leur for intérieur, chez les élus du RN à ceux des Insoumis en passant par toutes les couleurs de l’hémicycle, le débat de fond n’existe plus et n’a même plus le droit d’exister dans la sphère politique. Ils n’entendent pas ramer à contre-courant du sens de l’histoire qu’on leur impose et auquel la plupart a de toute façon adhéré. Ils ont accepté les transgressions les unes après les autres, et le discours des droits a fait le reste. Il suffira de l’activer une nouvelle fois pour aller plus loin encore.

En réalité, ils sont tous soumis, aveuglément soumis au mensonge bioéthique. Celle-ci se prétend éthique mais a depuis sa création rejeté les principes les plus simples de la morale et de la réalité humaine et familiale, conditions la véritable paix sociale qui est tranquillité de l’ordre. 

Sous Macron, cette emprise nihiliste s’est appesantie comme jamais. On peut la refuser au plan individuel, construire sa vie et sa famille en contournant le néant, mais si la France doit rester ce qu’elle est, on ne peut nier que le combat est aussi politique, et condition de survie.

Jeanne Smits

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19 MARS 1962, POINT D’ORGUE DE LA TRAHISON GAULLISTE

19 MARS 1962, POINT D’ORGUE DE LA TRAHISON GAULLISTE

L'OAS veille

C’est sans surprise que nous verrons nos compatriotes invités à commémorer le 19 mars 1962. Les fêtes de leur République maçonnique ont souvent coïncidé avec des défaites de la France ! Leur fierté avec notre honte !

Notre honte, car une armée victorieuse capitulant devant un adversaire aux abois dont ceux qui menaient en sous-main les négociations avaient été extraits des prisons où les avaient envoyés leurs crimes, cela ne s’était jamais vu dans notre Histoire !

Au point que pendant un demi-siècle, confrontés aux rapatriés, anciens combattants, membres du corps médical et observateurs impartiaux qui avaient souffert dans leur honneur et dans leur chair ou avaient été témoins des conséquences sanglantes de cette trahison, les chefs de gouvernement successifs étaient prudemment restés dans l’expectative.

Ce ne fut que le 6 décembre 2012, présumant qu’un demi-siècle avait atténué les cicatrices de l’Histoire, que François Hollande accepta de donner satisfaction aux syndiqués communistes de la FNACA qui n’avaient vu dans cette capitulation honteuse qu’une occasion d’abandonner sans état d’âme leurs concitoyens des départements d’Algérie à la vindicte sauvage de leurs complices crypto-marxistes du FLN.

Déferlement de sauvagerie du FLN perpétré, à compter de ce 19 mars 1962, en toute impunité car résultant de l’ordre donné à notre armée de rester l’arme au pied, quoi qu’il arrive à nos nationaux, la politique d’abandon de l’Algérie se doublant d’une politique d’abandon des populations se réclamant de la France.

Ce dont témoigne, pour l’Histoire, le rapport de Jean-Marie Robert, sous-préfet d’Akbou, en Kabylie, adressé à Alexandre Parodi, vice-président du Conseil d’Etat, qui révèle les détails les plus sordides des tortures infligées aux supplétifs de l’armée française mais aussi aux élus, maires, conseillers municipaux, anciens combattants, chefs de village, «promenés habillés en femmes, nez, oreilles et lèvres coupées, émasculés, enterrés vivant dans la chaux ou même dans le ciment, ou brûlés vifs à l’essence».

A ces massacres de harkis et d’élus musulmans atteignant des proportions et une horreur inimaginables s’ajoutèrent, à partir du 19 mars 1962, des enlèvements d’Européens que l’historien Jean-Jacques Jordi évalue à plus de 3000. Dans l’indifférence la plus totale de la part du gouvernement gaulliste que n’émut pas davantage le massacre de 700 Européens à Oran, le 5 juillet 1962, jour officiel de l’indépendance algérienne après la victoire du « OUI » à un référendum… auquel nos compatriotes des départements – encore français ! – d’Algérie ne furent même pas admis à participer.

AU-DELÀ DE L’HORREUR : EUROPÉENS ENLEVÉS POUR LES VIDER DE LEUR SANG.

Un fantasme ? Non, un ensemble de faits mis à jour par l’historien militaire Gregor Mathias sous un titre sans ambiguïté : « Les vampires à la fin de la guerre d’Algérie » Un mythe ? Interroge-t-il, d’abord incrédule. Mais les informations qui circulaient, à Alger, à Oran, dans le bled, s’appuyaient sur les découvertes d’hommes et de femmes mystérieusement disparus dont on retrouvait les cadavres exsangues. Jusqu’au jour où un ancien légionnaire devenu prêtre décida de rendre public un document qu’il avait sauvé de la destruction des archives de la Légion à Sidi Bel Abbès : la lettre qu’un légionnaire enlevé par le FLN était parvenu à faire parvenir à son frère avec la complicité d’une infirmière musulmane qui s’était prise de pitié pour lui.

« Si tu reçois cette lettre – écrit-il – ce sera un miracle. Fais savoir à mon unité que je ne suis pas déserteur mais que j’ai été enlevé. Ils sont corrects avec nous, nous donnent bien à manger, mais c’est pour nous prendre notre sang. J’ai pourtant la chance d’être d’origine étrangère, car ils tuent d’abord les Français »

VOILA, CHERS AMIS, LE GENRE DE COMMÉMORATION QUE VOUS CONVIE A FÊTER LA GUEUSE…

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Charles Maurras contre Bonaparte

Charles Maurras contre Bonaparte

Affiche du film de Ridley Scott sur Napoléon

La sortie du Napoléon de Ridley Scott avait ravivé les discussions sur l’empereur. Sur le bilan strictement technique et cinématographique, les avis se rejoignent majoritairement pour dire leur déception devant un film qui, malgré une matière historique gigantesque et des moyens financiers eux-mêmes généreux, ne parvient à créer ni le souffle épique ni le développement scénaristique que l’on attendait. Au mieux peut-on se consoler en admirant, pendant quelques minutes, de belles scènes de bataille, quelques beaux décors et des costumes d’époque plutôt réussis. Mais c’est un bilan assez maigre.

Le film a aussi déçu tout le monde sur l’aspect historique : les passionnés de l’empereur estiment qu’il a été présenté de façon caricaturale et dépréciative, pendant que ses détracteurs regrettent qu’un film à gros budget, bon ou mauvais, ne serve pas à faire le procès à charge d’un personnage historique critiqué aujourd’hui, par les animateurs dans l’air du temps, surtout parce qu’il a rétabli l’esclavage et régné comme un despote. Il n’existe pas en effet, dans l’espace intellectuel français « grand public », une critique de Napoléon qui ne soit pas de gauche ; au contraire le clivage se contente de prétendre que Napoléon ne peut être aimé que pour de mauvaises raisons par la droite et critiqué pour de bonnes raisons par la gauche. Tel homme de droite qui voudrait proposer un avis négatif sur le personnage n’aurait nulle part où se loger dans le petit cirque pseudo intellectuel de notre époque.

Pourtant une telle critique a existé. Du côté de l’Action française, Léon Daudet a publié en 1939 Deux idoles sanguinaires, la Révolution et son fils Bonaparte dans lequel il expose les relations filiales entre l’horrible Révolution et ce fils qui, ayant germé dans un tel ventre, ne pouvait lui-même que continuer la mauvaise œuvre commencée par sa génitrice. Mais ce livre, s’il est plaisant à lire grâce à la plume toujours affûtée de Daudet, n’est pas ce que la droite nationaliste a proposé de plus convaincant pour s’approcher de l’empereur : dix ans plus tôt, Charles Maurras a publié un petit texte autrement plus dosé en explosif intellectuel : Napoléon, avec la France ou contre la France ?

Ici, au lieu de simplement reprocher à Napoléon d’avoir fait la guerre (ce que Maurras lui reproche aussi mais avec des arguments à la fois politiques, humains, géostratégiques et historiques) et d’être à l’origine d’un bilan humain terrifiant, le maître de l’Action française dénonce aussi les effets délétères du Code Napoléon dans l’organisation anthropologique de la France, critique des choix d’alliances et des décisions diplomatiques catastrophiques en ceci qu’ils ont semé le poison d’où naîtra ensuite, par ricochets, beaucoup des grands conflits militaires que la France, bien après le passage sur la terre de Napoléon, devra longtemps affronter. Là où Maurras se différencie d’une critique qui ne serait qu’un bilan comptable des morts des guerres napoléoniennes, c’est en ceci qu’il va chercher jusque dans l’œuvre institutionnelle et juridique de l’empereur des raisons de l’accuser avoir fait du tort à la France. Un travail intellectuel de cette envergure n’existe plus aujourd’hui, le débat sur Napoléon ayant été, nous le disions plus haut, pris en otage par des gens qui, eux-mêmes pris en otage par la droite, se sentent obligés de le défendre contre des gens qui, pris en otage par la gauche, reprochent à Napoléon de n’avoir pas créé Sos-racisme et l’international LGBT de son vivant.

Que l’un des grands parmi les grands dans l’offre intellectuelle de droite, Charles Maurras, soit au nombre des adversaires de Napoléon surprendra sans doute nos contemporains. Si ce n’était que pour cela, si ce n’était que pour son côté étonnant, le livre de Maurras mériterait d’être lu. Heureusement, il est beaucoup plus que cela. Pour l’avoir fait lire à de nombreux admirateurs de Napoléon dont certains étaient même des adorateurs, je puis confirmer que Charles Maurras, par la redoutable efficacité de sa démonstration intellectuelle et argumentaire, a livré un texte d’une hauteur, d’une précision et d’une puissance rarement atteintes par un auteur, surtout — et c’est là aussi que réside l’exploit — en seulement quelques dizaines de pages, d’ailleurs écrites dans un français d’une beauté cristalline.

Jonathan Sturel

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Souveraineté populaire : une chimère ?

Souveraineté populaire : une chimère ?

L'assemblée nationale garante de la souveraineté populaire ?

Dans les articles précédents, nous avons interrogé Tocqueville et Platon au sujet de la démocratie. Nous posons à présent la même question à Bonald : qu’est-ce que la démocratie ? On ne peut résumer dans un court article la pensée de Bonald sur le sujet. Il faudrait parler du divorce, « véritable démocratie domestique »1 ; mais pour l’heure nous nous intéresserons seulement à la théorie de la souveraineté populaire.

La souveraineté du peuple a-t-elle une réalité historique ?

Dans l’esprit de bon nombre de nos contemporains, la démocratie est non seulement le meilleur des gouvernements, mais même le seul qui ait le droit d’exister. Ce préjugé s’enracine dans la théorie de la souveraineté populaire : si le peuple est le véritable souverain, le seul gouvernement légitime est celui dans lequel la souveraineté du peuple est reconnue et peut effectivement s’exercer. Pourtant, la théorie de la souveraineté populaire ne résiste pas à un examen sérieux. Quel que soit le sens qu’on lui donne, cette souveraineté paraît être une chimère à laquelle aucune réalité historique ne correspond.

Admettons un instant que le peuple soit l’autorité suprême. Sur qui cette autorité s’exercerait-elle ? Là où il y a un souverain, il doit y avoir des sujets ; mais « où seraient les sujets quand le peuple est souverain ? »2

Qu’est-ce que la souveraineté populaire selon Rousseau ?

Les amateurs de la souveraineté populaire répondront peut-être que le peuple est souverain dans ce sens qu’il a le droit de faire les lois. C’est la définition de Rousseau qui, avec son goût habituel pour l’exagération, va jusqu’à soutenir que seules les lois faites par le peuple méritent le nom de lois : « toute loi, que le peuple en personne n’a point ratifiée est nulle. Ce n’est point une loi. »3

Mais là encore, on ne trouve dans l’histoire aucun exemple d’une telle chose, qui est tout simplement impossible : car « il se trouve que nulle part le peuple n’a fait des lois, qu’il est même impossible qu’un peuple fasse des lois, et qu’il n’a jamais fait, et qu’il ne peut jamais faire autre chose qu’adopter des lois faites par un homme appelé pour cette raison législateur. »4

La raison de cette impossibilité, c’est qu’une loi est une parole : elle ne peut être que l’œuvre d’une personne, et non pas d’une multitude. On peut, comme le fait Rousseau, personnifier le peuple ; mais ce n’est jamais qu’une figure de style.

Peut-on parler de peuple souverain en démocratie représentative ?

On pourra prétendre encore que la souveraineté appartient au peuple « dans ce sens que le peuple en délègue l’exercice, en nommant ceux qui en remplissent les diverses fonctions ». Mais c’est là encore une chose dont on ne trouve aucun exemple dans l’histoire, pour la même raison que précédemment : « il se trouve que le peuple ne nomme personne, et ne peut même nommer qui que ce soit ; mais qu’un nombre convenu d’individus, qu’on est convenu d’appeler peuple, nomment individuellement qui bon leur semble, en observant certaines formes publiques ou secrètes dont on est également convenu. » 5

Le peuple, qui n’est pas une personne mais une multitude de personnes, ne peut nommer qui que ce soit. L’élection par le peuple est donc une fiction. Bref, quel que soit le sens qu’on lui donne, la souveraineté populaire est une théorie à laquelle aucune réalité historique ne peut jamais correspondre. « Donc cette proposition générale ou abstraite : La souveraineté réside dans le peuple, n’a jamais reçu et ne peut recevoir aucune application ; donc c’est une erreur. »6

Jules Putois

  1. Louis de Bonald, Du Divorce, chapitre premier. ↩︎
  2. Louis de Bonald, Théorie du pouvoir politique et religieux, préface. Joseph de Maistre a fait la même réflexion au début de son Étude sur la souveraineté : « Le peuple est souverain, dit-on ; et de qui ? — De lui-même apparemment. Le peuple est donc sujet. » ↩︎
  3. Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social, livre III, chap. 15. Pour être juste, remarquons que Rousseau n’attribue pas au peuple le pouvoir de faire la loi, mais seulement celui de la ratifier. ↩︎
  4. Louis de Bonald, Théorie du pouvoir politique et religieux, préface. ↩︎
  5. Ibid ↩︎
  6. Ibid ↩︎
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Liberté politique

Liberté politique

Marianne : égérie de la liberté politique
La liberté guidant le peuple – Eugène Delacroix

Il y a quelques mois, nous avons cité et commenté un extrait du Mythe de la Liberté dans lequel Sisley Huddleston montrait que cette mystique de liberté politique menait à l’oppression et à la terreur

« Le vrai symbole de la Liberté, écrivait-il, c’est la guillotine, et je voudrais qu’à l’entrée du port de New-York, à la place de la déesse à la torche, on mît l’échafaud où ont fini toutes les revendications humaines au nom de la Liberté. »

Quel était l’avis de Maurras sur la liberté politique ?

Dans la préface de Romantisme et Révolution, Charles Maurras consacre quelques pages aux trois termes de la devise républicaine. Il le fait dans une autre perspective en allant à l’essence même des principes. Ces pages capitales seront reprises dans Sans la muraille des cyprès… (J. Gilbert, Arles, 1941).

« Des trois idées révolutionnaires que nous avons inscrites sur nos murs, la première, le principe de la liberté politique, constitutif du système républicain, a tué le respect du citoyen, je ne dis pas seulement pour les lois de l’État qu’il considère comme de banales émanations d’une volonté provisoire (comme l’est toute volonté), mais aussi et surtout pour ces lois profondes et augustes, leges natae, nées de la nature et de la raison, où les volontés du citoyen et de l’homme ne sont pour rien : oublieux, négligent, dédaigneux de ces règles naturelles et spirituelles, l’état français perdit prudence, exposé ainsi à fléchir. »

La licence politique abolit tout principe supérieur

La liberté politique posée comme principe absolu rend les lois de l’État révocables par le suffrage des élus ou le suffrage de tous les citoyens. Elles ne sont plus que des règlements provisoires qu’on observe sans les respecter ; si on ne les approuve pas, on prend son mal en patience en militant pour un changement de majorité au prochain scrutin.

Les républiques antérieures à la Révolution avaient leurs tares, mais elles avaient également de quoi freiner cette liberté politique : la loi naturelle (leges natae), « les lois divines et humaines », comme dit Cicéron, devant lesquelles le Conseil ou le Sénat, les assemblées populaires de l’Agora ou du Forum ne pouvaient que s’incliner avec respect. Au-dessus de la Cité régnait la Loi qui gardait et protégeait la Cité.

Avisant un jour dans une galerie de son palais une personne qu’il ne connaissait pas, Henri IV, voulant savoir de quel grand seigneur dépendait ce simple gentilhomme, lui demanda à qui il appartenait. « A moi-même » répondit l’homme avec une certaine impertinence. « Vous avez là un bien sot maître », répliqua le Béarnais. Sous couvert de liberté politique, le citoyen de la République française dépend lui aussi d’un bien sot maître : sa volonté, capricieuse, fluctuante, influençable et malléable.

Quelles sont les conséquences de la liberté politique à notre époque ?

Pendant longtemps, le poids du passé préserva la République de l’exercice complet de la Liberté politique, les lois naturelles furent respectées malgré de sérieuses entorses sociales et morales, parce qu’on ne pensait pas à les violer par principe. Mais depuis plusieurs dizaines d’années la démocratie est entrée au plus intime des mœurs ; elle atteint et dépasse le niveau de la démocratie politique. Une frénésie de bafouer, de détruire a saisi notre société. Les lois les plus élémentaires de la famille, les lois fondamentales de la Vie et de la Mort sont remises en cause. Après avoir désacralisé le mariage, par exemple, la liberté politique absolue veut le faire descendre au-dessous de l’accouplement des animaux. Ne surinterprétons pas notre lecture de Maurras au-delà du raisonnable ; il n’a pas pensé au PACS ou au mariage entre personnes du même sexe, mais il a bien discerné que la Liberté, dans son essence, menait à la ruine et à la mort : « Il ne faut pas dissimuler que l’on court le risque de voir ainsi s’éteindre l’homme même, l’homme politique et l’homme raisonnable, l’homme artiste et l’homme chanteur. Qui prolonge la double courbe romantique et révolutionnaire ouvre à l’Esprit une ample liberté de mourir. »

Gérard Baudin

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