Bombardements à Gaza : le temps des assassins

Bombardements à Gaza : le temps des assassins

Couverture de Rivarol au sujet des bombardements sur Gaza

JUSQU’OÙ IRONT-ILS dans la démesure et la folie ? Au même moment où Gaza est ciblée par les bombardements de l’armée israélienne, en France, un enfant de dix ans a été entendu pendant trois heures par la gendarmerie de Canet-en-Roussillon pour apologie du terrorisme. Il aurait perturbé verbalement la maçonnique « minute de silence » organisée par l’Éducation nationale après l’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard à Arras. Huit mineurs de 11 à 17 ans qui avaient chanté fin octobre dans le métro parisien un chant improvisé pro-palestinien et jugé antisémite ont été placés en garde à vue pendant 48 heures et déférés au tribunal de Bobigny le 15 novembre pour des faits qualifiés « d’apologie de crime contre l’humanité et injures publiques en raison de la religion ». Pour une simple chanson potache qui n’était évidemment pas à prendre au premier degré (on les entend rire pendant qu’ils entonnent cette chansonnette) de la part d’enfants et d’adolescents qui sont simplement dans le jeu et la provocation, on sort l’artillerie lourde : garde à vue de 48 heures, déferrement devant l’autorité judiciaire pour apologie publique de terrorisme. Le Parquet a requis une mesure éducative judiciaire, dont on ignore la nature et la durée, et le plus âgé des huit sera jugé le 2 janvier 2024 pour « apologie de crime contre l’humanité et injure publique à raison de la religion ».

On ne badine pas quand il s’agit de l’entité sioniste et du respect religieux qui lui est dû dans un pays devenu chaque jour davantage une colonie israélienne. En revanche, des rappeurs peuvent insulter la France et les Français dans les termes les plus violents qui soient, appeler à la destruction et au meurtre de “souchiens” et là rien ne se passe. Leurs DVD sont vendus à la Fnac et partout ailleurs et leur impunité est totale. Mais dès qu’il s’agit de critiques ou de réserves sur le courageux petit peuple ou sur le comportement de l’entité et de l’armée sioniste en Palestine occupée, là en revanche, on est tout de suite mis en garde à vue et jugé pour apologie de terrorisme. Toute chose qui ne risque pas d’arriver à Céline Pina, journaliste à Causeur d’Elisabeth Lévy et qui a osé déclarer sur Cnews, la chaîne hystériquement pro-israélienne et anti-palestinienne de Bolloré-Goldschmidt, qu’ « une bombe (israélienne) qui explose et qui va faire des dégâts collatéraux tuera sans doute des enfants, mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre ».

Mort de près de 3000 enfants suite aux frappes sur la bande de Gaza

Précisons que le nombre d’enfants morts à Gaza au cours des six dernières semaines en raison des bombardements israéliens est bien plus élevé que les 2 985 enfants tués dans les principales zones de conflit du monde combinées — dans deux douzaines de pays — pendant toute l’année dernière, même en tenant compte de la guerre en Ukraine, selon le décompte des Nations unies des décès vérifiés dans le cadre de conflits armés. Non seulement tous ces assassinats ne sont qu’un simple dégât collatéral pour cette Likoudnik fanatisée (cette horrible dame a-t-elle elle-même des enfants et, si c’est le cas, souhaiterait-elle qu’on parle ainsi de sa progéniture si elle était froidement assassinée ?) mais de plus ces enfants, en agonisant, en rendant l’âme, devraient, selon elle, presque remercier l’entité sioniste qui les démembre, les ensanglante et les massacre car, assure-t-elle doctement, « ils ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre ».

Caroline Fourest a tenu récemment des propos du même acabit. Voilà le genre d’horreurs et d’ignominies que l’on entend régulièrement depuis le 7 octobre, et particulièrement dans la presse de droite casher, de Causeur à L’Incorrect, de Valeurs actuelles au JDD. Les soutiens hystérisés de l’entité sioniste se lâchent complètement. Nous vivons plus que jamais le temps des assassins. Il y a d’ailleurs deux types d’assassins : ceux qui lancent des bombes au phosphore à Gaza, mais aussi les assassins de plume et de micro qui tuent par les mots qu’ils prononcent en justifiant ou en relativisant l’actuel massacre.

Ce lundi 20 novembre, marquant la Journée internationale des droits de l’enfant, il est particulièrement opportun de rappeler la situation épouvantable des enfants en Palestine occupée, victimes de psychopathes et d’assassins sans foi ni loi. En 2023, 800 enfants palestiniens, qui sont, rappelons-le, chez eux en Palestine, contrairement aux voleurs de terres, ont été enlevés par les forces d’occupation israéliennes, et 200 d’entre eux demeurent toujours captifs dans les sinistres geôles sionistes. De plus, 45 enfants ont été assassinés par les criminels sionistes en Cisjordanie. À Gaza, depuis le 7 octobre et le génocide perpétré froidement par l’Etat juif, plus de 5500 enfants ont été tués. Mais ce ne sont que des Palestiniens. Donc des animaux humains pour le ministre de la Défense israélien. De simples animaux pour le Talmud. Ils comptent donc pour du beurre. Il n’y aura pas de film ou de téléfilm, de production hollywoodienne pour relater leur souffrance et leur mort, établir leur martyrologe et dénoncer leurs bourreaux. On ne conduira pas les enfants des écoles sur le lieu de leur supplice pour qu’ils se recueillent, déposent des fleurs et des bougies, contrairement à ce qui se fait pour d’autres. La Mémoire sacralisée des uns nie, méprise, occulte, efface celle des autres.

Femmes, enfants, bébés : premières victimes du conflit israélo-palestinien

En tout, depuis le 7 octobre, plus de 13 000 Palestiniens ont été tués dans les bombardements de Gaza. Parmi eux, près de 3500 femmes et 5500 enfants. Il s’agit d’un massacre délibéré puisque ce ne sont pas deux armées régulières qui se font face avec une relative égalité de moyens. C’est l’armée d’un Etat, aidé activement qui plus est par l’Oncle Sam sur le plan de l’armement, qui bombarde sans relâche une population civile désarmée qui n’a ni Etat ni armée pour la défendre et pour riposter. Plus de 15000 bombes se sont écrasées sur Gaza depuis le début de l’offensive ordonnée par Netanyahu suite aux événements du 7 octobre, soit plus que ce que les Etats-Unis ont déversé sur l’Afghanistan en un an ! C’est une abjection et une horreur sans nom qui se déroule en continu sous nos yeux depuis un mois et demi dans l’indifférence générale. Au 19 novembre, plus de 6000 personnes sont toujours portées disparues sous les décombres, incluant plus de 4000 enfants et femmes. Plus de 30 000 personnes ont été blessées, le plus souvent très grièvement, dont 75 % étaient des femmes et des enfants. Tsahal a commis 1330 massacres contre des familles innocentes à Gaza. Les violations israéliennes contre le système de santé ont entraîné la mort de 201 membres du personnel de santé, et de 22 membres du corps de la défense civile. Des écoles, des dispensaires, des hôpitaux ont été complètement détruits. Des émissaires de l’ONU et des journalistes ont été tués. Des églises et des mosquées ont été prises pour cible.

Le Bombardement de l’hôpital Al-Ahli à Gaza est loin d’être un cas isolé

CHOSE IMPENSABLE, depuis le 13 novembre, tous les hôpitaux du nord de la bande de Gaza sont hors service, systématiquement ciblés par les bombardements de l’armée israélienne qui manifestement ne respecte rien, n’a aucune limite. Dans le principal hôpital de Gaza, Al-Shifa, 15 000 personnes ont été bloquées sans eau ni électricité. 650 patients, dont 40 enfants en couveuse, se trouvaient dans cet hôpital où, contrairement à ce que prétendait l’entité sioniste, Tsahal n’a pas trouvé les fameux tunnels où le Hamas entasserait ces armes et munitions. L’armée sioniste a encerclé cet hôpital, puis l’a investi, détruisant complètement le centre de radiologie. La coupure totale de l’électricité a conduit à la mort des 22 patients en soins intensifs et les six patients en dialyse sont également décédés, de même que les bébés qui étaient en couveuse, ainsi que l’a déclaré le directeur général des hôpitaux de Gaza. Ces crimes de guerre ne manqueront pas de faire grimper le nombre de morts civils en Palestine. Le secrétaire général de l’ONU a déclaré que « Gaza est un cimetière pour enfants ». L’armée israélienne ayant finalement ordonné l’expulsion totale, dans « un délai d’une heure » (sic !) du complexe médical Al-Shifa, à la fois du personnel médical, des déplacés et des blessés, y compris des 126 patients qui se trouvaient dans un état ne permettant pas leur déplacement, « nous nous attendons à ce que des dizaines de blessés perdent la vie en chemin », a également déclaré, consterné et indigné, le directeur de l’hôpital.  […]

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>

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Autour de Jeanne d’Arc, réédition par « La délégation des siècles »

Autour de Jeanne d’Arc, réédition par « La délégation des siècles »

Réédition d'Autour de Jeanne d'Arc

Il faut s’imaginer l’état des forces morales de la nation en 1917 pour mesurer l’importance que peuvent avoir l’œuvre et la démarche d’un écrivain soucieux de leur porter secours. À cette date, en pleine guerre, chaque foyer français est privé d’un frère, d’un mari, d’un fils, tous mobilisés pour l’immense combat qui se joue pour la défense de la patrie. Nous connaissons la souffrance des Poilus, la rigueur de leur engagement, la dureté de leur quotidien et l’effroyable tension qui s’abat et dégrade leur énergie. Nous savons par exemple que beaucoup de ceux qui reviendront des tranchées n’en reviendront pas indemnes psychologiquement. Côté Poilus, c’est entendu : tout était terrible. Ce que l’on pense moins souvent à honorer de nos souvenirs, c’est la cruauté de l’épreuve imposée par la guerre aux épouses, aux parents, aux enfants restés dans les foyers. Ils vivaient dans la peur quotidienne de recevoir un jour le courrier qui leur annoncerait la mort du cher parent.

En 1917, Maurice Barrès convoque Jeanne d’Arc au chevet de la France

Alors les jeunes filles, les épouses, les familles, pour mieux s’associer à leur manière au combat mené là-bas par les hommes, avaient également besoin qu’on leur donne les nourritures morales et spirituelles indispensables pour soutenir une pareille épreuve. L’écrivain Maurice Barrès, très sensible aux puissances profondes, soucieux à la fois du sort des Poilus sur le front et de celui des épouses, a jugé nécessaire de convoquer, pour les renforcer tous d’un même mouvement, la figure précieuse, grandiose, historique, nationale et religieuse de Jeanne d’Arc. Il organise alors des rassemblements, des dépôts de gerbes, des discours, il aide à structurer les forces autour de Jeanne qui, cinq siècles plus tôt, a fait la démonstration que la France, dès qu’elle est défendue par l’ardeur de ses enfants, se sort forcément des situations qui paraissent insurmontables. Dans la presse, il multiplie les articles ; à la Chambre, il travaille à l’instauration d’une journée en souvenir de Jeanne d’Arc. Plusieurs fois, il se rend devant la statue de l’héroïne, entouré des jeunes filles de Paris, pour redire aux cœurs tristes qu’il ne faut pas l’être et pour prendre chez la grande Lorraine de l’énergie exemplaire pour la faire germer sur le sol déprimé d’une nation en guerre.

Une nation unie autour de ses héros

Dans Autour de Jeanne d’Arc, publié en 1917, il explique sa démarche, rappelle qu’une nation ne peut survivre que si elle rappelle à ses contemporains le souvenir grandiose de leurs ancêtres pour qu’ils s’en inspirent et reproduisent, à leur mesure, leurs exploits. Sans cet effort, le sol qui a besoin de la sueur des braves pour se cultiver sans cesse s’assèche et prend le risque de périr. Mais cet effort indispensable, l’écrivain le sait, ne peut être mené qu’à la condition d’être « énergisé » par des modèles, par des maîtres. En cette manière, Jeanne d’Arc apparaît comme la figure incontournable et incontestable. Le livre fournit aux lecteurs les méditations patriotiques de Maurice Barrès, écrivain à la fois intellectuel et sensible dont la plume, je le rappelle chaque fois, savait dire avec émotion des choses intelligentes et des choses intelligentes avec sensibilité. L’action de Barrès en 1917 a porté ses fruits en son temps ; et comme il a eu l’excellente idée de la consigner dans un livre, ce même livre aujourd’hui disponible peut également avoir un effet mobilisateur, réconfortant et inspirant pour le lecteur de 2023. Aux Français désolés de voir leur pays dans un état aussi déplorable, l’exemple de Jeanne d’Arc et la plume mobilisatrice de Maurice Barrès rappellent que ce n’est pas la première fois dans son histoire que la France prend des coups et qu’à chaque fois elle s’est relevée. Souvent, il ne faut pour amorcer ce relèvement qu’un homme, qu’une jeune femme, qu’un exemple, qu’une étincelle… !

Autour de Jeanne d’Arc : réédition de trois ouvrages majeurs de Barrès

L’ouvrage Autour de Jeanne d’Arc et autres textes réédité désormais agrège également deux autres écrits importants du grand écrivain, Les traits éternels de la France et La terre & les morts. Dans le premier texte, il prononce à leur sujet l’éloge que les officiers français et les soldats méritent qu’on leur adresse. Héritiers de traditions plusieurs fois centenaires, cœurs vaillants au feu, dignes représentants de la race des combattants, les officiers français, descendants de Bayard, largement sacrifiés pendant la Grande guerre, formaient alors une élite, presque une aristocratie du cœur et de l’attitude. Barrès leur rend un hommage d’autant plus mérité qu’ils paieront cher leur contribution à l’effort de guerre.

Enfin, La terre & les morts. Le 10 mars 1899, Maurice Barrès devait donner une conférence à La ligue de la patrie française sur le thème de l’enracinement, du patriotisme et du lien particulier qui unit les êtres à leurs ancêtres, lien qui les constitue en qualité de peuple. La conférence ne sera finalement pas donnée mais le texte a heureusement été conservé et il est intégré dans Autour de Jeanne d’Arc et autres textes, concentré barrésien pur jus que je m’honore de rééditer à La délégation des siècles.

Jonathan Sturel

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Philosophie politique : La démocratie vue par Platon

Philosophie politique : La démocratie vue par Platon

La politique dans la philosophie politique

“La liberté et l’égalité ne sont que l’amour de la domination et la haine de toute autorité qu’on n’exerce pas.”

Louis de Bonald.

C’est une idée largement reçue de nos jours : la démocratie serait la meilleure forme de gouvernement, voire la seule qui soit légitime et respectable. Toute autre forme de pouvoir ne serait qu’oppression et tyrannie, contre laquelle on aurait le droit et même le devoir de se révolter. Cette étrange philosophie a été soutenue notamment par Jean-Jacques Rousseau dans son Contrat social. Mais qu’est-ce, au juste, que la démocratie ? Qu’en ont pensé les Grecs, à qui on en attribue l’invention ? À ce sujet, il est bon de relire la philosophie de Platon. Dans le livre VIII de La République, il a proposé une théorie complète des différentes formes de gouvernement. On y apprend avec étonnement que Platon tient la démocratie pour l’une des pires constitutions qui soient. Il n’y a de pire, selon lui, que la tyrannie, dont elle n’est pas d’ailleurs pas si éloignée qu’on pourrait croire.

L’aristocratie : le régime idéal selon la philosophie de Platon

La méthode suivie par Platon en philosophie politique consiste à décrire, pour commencer, un État idéal dans lequel règne une parfaite justice. Un État où chacun fait son travail, comme dans un organisme en bonne santé, où chaque organe remplit correctement sa fonction. Cet État parfaitement organisé, dans lequel chacun accomplit la tâche correspondant à ses aptitudes, Platon l’appelle aristocratie, c’est-à-dire gouvernement des meilleurs, des plus vertueux. Cet État est sujet à une multitude de maladies, qu’on peut ramener à quatre formes principales : la timocratie (mot inventé par Platon), l’oligarchie, la démocratie et la tyrannie. La démocratie s’établit généralement sur les ruines de l’oligarchie, qui est le gouvernement des riches, gouvernement qui porte en lui les germes de la guerre civile. C’est la guerre des pauvres contre les riches qui fait passer l’État de l’oligarchie à la démocratie : « la démocratie apparaît lorsque les pauvres, ayant remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, bannissent les autres, et partagent également avec ceux qui restent le gouvernement et les charges publiques. »

Liberté et démocratie : avis politique de Platon

L’un des caractères de l’État démocratique, c’est la liberté ou plutôt la licence qui y règne, et qui fait que « chacun organise sa vie de la façon qui lui plaît. » Aussi trouve-t-on des hommes de toute sorte dans cet État, et c’est ce qui en fait la beauté si particulière : « comme un vêtement bigarré qui offre toute la variété des couleurs, offrant toute la variété des caractères, il pourra paraître d’une beauté achevée. Et peut-être beaucoup de gens, pareils aux enfants et aux femmes qui admirent les bigarrures, décideront-ils qu’il est le plus beau. » Plein de philosophie, Platon énumère dans des lignes pleines d’ironie les avantages de cette liberté propre à la démocratie. Dans cet État, on est libre de ne pas faire la guerre quand les autres la font, mais aussi de la faire quand les autres ne la font pas. On est libre d’exercer les fonctions de juge, même lorsqu’on n’y est pas appelé par la loi. On peut être condamné à la mort ou à l’exil, et rester néanmoins dans sa patrie et y circuler en public. L’homme politique n’y est pas tenu d’avoir suivi une formation spéciale : il lui suffit d’affirmer sa bienveillance pour le peuple, et de se montrer docile aux volontés de celui-ci. Car dans les États démocratiques « on loue et on honore les gouvernants qui ont l’air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air de gouvernants. »

La démocratie : une course vers l’anarchie ?

Cette étrange maladie de la démocratie, dont l’origine se trouve dans la haine de toute autorité, s’étend à tout et pénètre dans l’intérieur des familles. L’amour de la liberté se prolonge en amour de l’égalité. « Le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants ; le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre ; le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque et l’étranger pareillement. » La même chose arrive dans les écoles : « Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. » Le même renversement se montre aussi, plus généralement, dans les rapports entre les générations. Tandis que dans une société saine, les jeunes imitent leurs aînés et cherchent à leur ressembler, c’est l’inverse qui se produit dans la société démocratique : « les vieillards s’abaissent aux façons des jeunes gens et se montrent pleins d’enjouement et de bel esprit, imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques. » Cette égalité et cette liberté, ajoute Platon, se retrouvent également dans les rapports mutuels des hommes et des femmes. N’est-il pas étonnant de lire sous la plume d’un auteur qui écrivait il y a vingt cinq siècles, un portrait si fidèle de ce que nous avons sous les yeux ? Ce « gouvernement agréable, anarchique et bigarré, qui dispense une sorte d’égalité aussi bien à ce qui est inégal qu’à ce qui est égal, » porte en elle-même le mal dont il est condamné à périr. La liberté démocratique est comme un vin qui enivre. À mesure que l’ivresse s’empare des citoyens, ces derniers ne supportent plus aucune forme d’autorité, et « à la moindre apparence de contrainte, s’indignent et se révoltent. » La démocratie est une marche vers l’anarchie : « Ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. »

Conclusion : la liberté ouvre les portes à la tyrannie

Si l’on ne devait retenir qu’une chose de la philosophie de Platon, c’est que la nature ne permet pas à la société de se dissoudre. De même que le désir insatiable de richesse a causé la perte de l’oligarchie, le désir insatiable de liberté va perdre la démocratie, et donner naissance à la dernière maladie de l’État, qui est la tyrannie. La tyrannie trouve donc son origine dans la démocratie, à laquelle elle ressemble plus qu’on ne croit : le tyran réalise pour lui-même le rêve du démocrate, de faire absolument tout ce qui lui plaît.

Jules Putois

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Grand remplacement : un gouffre financier

Grand remplacement : un gouffre financier

Le graphique prouve que les associations favorisent le grand remplacement

Entre 2008 et 2023, les subventions aux associations immigrationnistes ont été multipliées par 3. Analyse de l’IFRAP :

En étudiant le jaune « budgétaire » relatif aux associations annexé au PLF de l’année suivante qui publie les chiffres des subventions accordées par l’Etat, allouées aux missions “asile, intégration et immigration” et versées aux associations, avec 2 ans d’écart, il est possible de montrer que les augmentations de crédits accordées commencent véritablement à compter de 2016. Ils passent en effet de 8,6 millions d’euros à près de 306 millions d’euros. Un montant quasi-stable depuis 2010 si l’on excepte les années 2011 et 2012 où les subventions aux associations avaient atteint respectivement 42 et 45 millions d’euros. Mais à partir de 2016 les montants décollent passant de 306 millions d’euros à près de 981,2 millions d’euros en 2022.

Entre 2008 et 2023, les subventions aux associations multipliés par 3…

Comme le relève fort pertinemment la réponse à une question écrite ministérielle posée par la sénatrice Nathalie Goulet[1] « près de 1.350 associations ont été subventionnées ou rémunérées pour plus de 750 millions d’euros. Elles agissent dans trois domaines de la mission (…) » en tant qu’opérateurs associatifs auxquels l’Etat confie des missions

  • En matière d’asile : d’accueil, d’hébergement et d’accompagnement qui leur sont déléguées dans le cadre
  • En matière d’intégration : en assurant la continuité du parcours personnalisé d’intégration (réfugiés inclus) via la signature d’un contrat d’intégration républicaines avec l’OFII, mais aussi en matière d’accompagnement des étrangers dans leur accès aux droits, au logement, formation professionnelle et insertion, formation linguistique et santé.
  • En matière d’immigration : accueil, accompagnement des étrangers maintenus en zone d’attente aéroportuaire, assistance juridique aux CRA, et dont les financements s’ajoutent à ceux du fonds FAMI (Fonds européen Asile, Migration, Intégration).

L’ensemble de ces missions déléguées sont réalisées par les associations après sélections suivant des appels d’offre, suivant des appels à projets annuels de niveau national ou territorial (régional ou local) via des contrats territoriaux passés avec les collectivités ou les préfets en matière d’intégration.

Mais des taux d’exécution des OQTF en baisse drastique sur la même période…

Or, alors même que l’argent finançant les associations auxquelles sont déléguées des missions de service public concourant à la réalisation la mission budgétaire Immigration, Asile et intégration, croît de façon continue depuis 2016… le taux d’exécution des OQTF (obligations de quitter le territoire français) diminue drastiquement. Certes le taux d’exécution 2022 est provisoire et atteint 6,9% sur 6 mois[3]), mais en 2012 par exemple, celui-ci était encore de 22,3%, sa chute progressive débutant à compter de cette date pour atteindre un minimum de 6% en 2021.

L’effet ciseaux est donc patent et devrait interroger les pouvoirs publics sur la pertinence de financements accordés à des associations qui pour certaines via des conseils et recours juridiques incessant aboutissent à effondrer le taux d’exécution des OQTF, dont la mauvaise dynamique ne repose pas uniquement sur la non-délivrance de laisser-passer consulaires à la main des pays d’origine.

Agnès Verdier-Molinié, Directrice de la Fondation iFRAP, écrit dans Le Figaro :

La Cimade, le Mrap et RESF touchent des subventions publiques. Pour la Cimade, les montants sont d’ailleurs impressionnants : en 2022, c’est presque 6,5 millions d’euros de fonds publics qui lui ont été versés. Et le plus incroyable est que le montant le plus important vient du ministère de l’Intérieur, avec 2,6 millions d’euros, et des préfectures, pour le compte de l’État, avec 2,5 millions. Des fonds publics qui aident notamment les familles à faire recours sur recours quand leurs demandes d’asile sont rejetées par l’Ofpra. Et ce, car l’État leur délègue «l’assistance juridique aux étrangers en situation irrégulière» ! Cherchez l’erreur…

Allons-nous continuer longtemps à accepter un système extrêmement généreux et coûteux pour nos finances publiques, qui finance une casuistique juridique exponentielle – nationale et européenne – aboutissant à ce que les décisions d’expulsion nécessaires et évidentes pour notre protection n’aboutissent jamais ? Réfléchissons aussi à réduire drastiquement les avantages sociaux aux profils radicalisés : il serait possible de supprimer l’attribution de logements sociaux et l’accès aux soins et à l’école pour tout fait de terrorisme, de radicalisation ou d’apologie du terrorisme. On pourrait se poser aussi la question de revenir sur le droit d’asile conventionnel et constitutionnel avec un pouvoir discrétionnaire du ministre de l’Intérieur sur la police des étrangers, comme c’était le cas au début de la Ve République. De grâce, simplifions et encadrons les recours et conditionnons l’aide apportée à une véritable volonté d’intégration et de respect de la France et de ses citoyens contribuables, qui donnent beaucoup pour recevoir des coups de couteau en retour

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Le sionisme vu par Jacques Bainville

Le sionisme vu par Jacques Bainville

Jacques Bainville, adversaire du sionisme

En cette période de reprise de guerre entre Israël et Palestine, l’Action Française tient à rappeler la position prise par Jacques Bainville en 1920. À cette époque, l’histoire du sionisme est encore très récente. Son fondateur Theodor Herzl avait publié en 1986 le livre L’État des Juifs, qui donne une définition claire du sionisme. En 1920, il est question du démantèlement de l’Empire Ottoman suite à sa défaite lors de la Première Guerre mondiale. La Société des Nations propose de mettre la Palestine sous mandat britannique. L’Angleterre, favorable aux Juifs, jette ainsi les bases de l’Etat hébreu. L’article de Bainville est un témoignage majeur pour retracer l’évolution du sionisme des origines jusqu’à nos jours :

« L’Osservatore romano et la Semaine religieuse de Paris ont récemment publié un ensemble de documents sur la situation de la Palestine. Le sionisme soutenu par le cabinet de Londres y apparaît comme une aventure alarmante à tous les points de vue. Déjà les incidents ont été nombreux.

L’hostilité des sionistes à l’égard des chrétiens

Ils sont d’abord, bien entendu, de nature religieuse. Le sionisme, aux Lieux-Saints, n’a pas l’impartialité des Turcs. Il traite en intrus les représentants des communions chrétiennes. Le haut-commissaire britannique, sir Herbert Samuel, se comporte comme un chef plus religieux que politique. Le « prince d’Israël », ainsi l’ont surnommé ses coreligionnaires, va prier, le jour du sabbat, à la grande synagogue, acclamé par la population juive de Jérusalem. Par contre, le Saint-Sépulcre est un lieu qui lui fait horreur. Au mois de juillet dernier, visitant la basilique, sir Herbert Samuel refuse d’entrer dans le sanctuaire du tombeau. Cette insulte aux chrétiens fut relevée. Le synode des Grecs orthodoxes déposa sur-le- champ le patriarche Damianos en lui reprochant de n’avoir reçu le haut-commissaire que pour essuyer cet affront.

Le sionisme moins tolérant que l’Islam Turc ?

Un tel incident mérite une attention sérieuse. Il montre à quelles rivalités confessionnelles, susceptibles de dégénérer en luttes plus graves, le sionisme doit conduire. On regrette déjà les Turcs, « le seul peuple tolérant », disait Lamartine qui, dans son Voyage en Orient, se demandait, avec son génie divinatoire, ce que deviendraient les lieux saints lorsque leurs gardiens flegmatiques n’y seraient plus. Le sionisme allumera sans doute en Palestine une hideuse guerre de religion : encore un de ces progrès à rebours que les traités auront valu au genre humain. L’Osservatore romano signale, parmi les immigrants juifs qui arrivent en nombre, des fanatiques qui parlent de détruire les reliques chrétiennes. Ce n’est pas tout. Avec la guerre religieuse, le sionisme apporte la guerre sociale. Les juifs venus de Pologne, de Russie, de Roumanie, réclament un partage des terres et l’expulsion des indigènes. M. Nathan Strauss, le milliardaire américain, dit crûment que « les musulmans trouveront d’autres régions pour vivre ». Admirable moyen de réunir, en Asie Mineure et même plus loin, tout l’Islam contre l’Occident.

Etat d’Israël : source de conflits futurs

Il semble qu’en autorisant et en protégeant des expériences aussi dangereuses le gouvernement britannique perde la tête. La proscription du français en Palestine (sir Herbert Samuel ne reçoit plus aucune réclamation dans notre langue) est-elle un avantage suffisant pour compenser l’irritation et le soulèvement du monde islamique ? Le lieutenant Jabotinsky, l’organisateur de la légion juive, emprisonné par le général Allenby et libéré par le haut-commissaire, déclarait récemment au Times : « Le gouvernement juif en Palestine sera le symbole de la coopération anglo-israélite et un centre d’influence pour les sentiments favorables aux intérêts britanniques parmi tous les israélites répandus dans l’univers. » Assurément, il y a cette idée-là dans la politique sioniste du cabinet de Londres. Quel plat de lentilles, si l’on songe à l’immense dommage qui résultera pour l’Angleterre de l’hostilité des peuples musulmans ! Les Grecs à Smyrne, les Juifs à Jérusalem : on a rarement et avec autant d’imprudence préparé plus vaste incendie. »

Jacques Bainville, « Les effets du sionisme », L’action française, 20 décembre 1920

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Baisse du niveau scolaire : plus de mots pour penser

Baisse du niveau scolaire : plus de mots pour penser

L'éducation nationale est à l'origine de la baisse du niveau scolaire.

Selon le ministère de l’Education nationale, en 2021, 44% des élèves de fin de troisième ne maîtrisaient pas les compétences attendues en langue française. Le classement PISA corrobore également cette baisse inquiétante du niveau scolaire, notamment en mathématiques.

Une jeunesse victime de la baisse du niveau scolaire en France

La baisse du niveau des élèves en français semble une dérive structurelle dans notre pays. L’Education nationale est obligée de le reconnaître. A l’ignorance de l’orthographe chez un nombre croissant d’élèves s’ajoute une incompréhension de ce qu’ils lisent et un appauvrissement du vocabulaire qui restreint leur propre expression écrite et orale. Et comme toute pensée s’élabore et se complexifie en fonction du langage dont on dispose, il est clair que les capacités d’abstraction, d’analyse et de jugement critique se trouvent compromises lorsqu’un adolescent se débat avec un nombre de mots digne d’un enfant de cinq ans. La prétention de l’Etat à former les enfants à l’esprit critique, à la simple compréhension de l’information, se trouve dès lors vouée à l’échec puisqu’un jeune sur deux n’est pas en possession des moyens de penser.

Une journaliste du magazine L’Etudiant analysait récemment le phénomène en s’interrogeant sur les causes possibles de cet échec chronique de la mission publique de l’école en France[1] : selon le ministère de l’Education nationale, en 2021, 44% des élèves de fin de 3e ne maîtrisaient pas les compétences attendues en langue française, soit 2% de plus qu’en 2015. A qui doit-on imputer la baisse du niveau scolaire ? Plusieurs pistes sont envisagées.

Les parents sont-ils responsables de cette chute du niveau ?

Du côté des familles, on peut déplorer l’invasion des écrans dont les ravages se découvrent de jour en jour. On constate « l’isolement croissant des adolescents devant les écrans, sans compensation par une incitation à la lecture et aux sorties culturelles. « A la clé, un niveau de culture générale, mais aussi des capacités d’attention et de concentration réduits comme peau de chagrin », déplore Claire Grafion. »

L’Action Française dénonce également la mort de l’autorité paternelle qui rend notre société de plus en plus immature et divisée.

Profs surmenés et peu qualifiés : cause de la baisse générale de l’intelligence ?

Quant à l’institution enseignante, l’article pointe la réduction du nombre d’heures d’enseignement du français : « En 2022, les élèves ont perdu, primaire et collège additionnés, 522 heures de français par rapport aux horaires de 1968, soit deux années de formation. Un manque encore accentué par la suppression des travaux en classes dédoublées, qui permettaient un accompagnement plus qualitatif et individualisé », expose Fanny Capel.

Les professeurs absents non remplacés, la faiblesse criante d’une partie du corps enseignant, recruté malgré une absence de compétences professionnelles, du fait de la pénurie du nombre de candidats à la profession, compromettent gravement l’efficacité du système. A cela s’ajoutent l’appauvrissement des programmes au profit de missions politiques et citoyennes qui encombrent les semaines de classe, mais aussi la baisse des exigences dans les disciplines enseignées, concédées pour ne pas décourager la majorité des élèves en difficulté.

L’école privée en France : seule échappatoire à la baisse du niveau scolaire ?

Autant de facteurs qui, pris cumulativement, condamnent durablement l’enseignement public qui, malgré les effets d’annonce cycliques des ministres successifs et une réelle bonne volonté d’une bonne partie des enseignants, n’est pas disposé à changer de méthodes. A l’heure actuelle, rien n’a fait pour empêcher la stagnation de la France dans le classement PISA.

Les écoles privées, et surtout hors contrat, restent les seules à proposer un enseignement validé par l’expérience de l’efficacité et de la réussite. Les écoles de la Tradition, en plus de préserver les méthodes de l’époque ou la France était en tête dans le classement du niveau scolaire, ont un objectif plus noble encore : celui de guider les élèves vers leur fin ultime d’enfants de Dieu, dans le prolongement et le perfectionnement de l’éducation qui relève d’abord des parents.

L’essor des écoles hors contrat qui découle en partie de l’échec massif et structurel de l’Education nationale révèle par ailleurs une prise de conscience plus forte de la part des parents des enjeux éducatifs et, à terme, professionnels, d’une école publique qui ne parvient plus à assurer sa mission. En stigmatisant les écoles hors contrat, l’Etat ne se grandit pas. Il ferait mieux de s’inspirer de leurs méthodes pour remonter dans le classement du niveau scolaire en Europe. Mais il faudrait pour cela renoncer à une idéologie qui règne en maître dans le monde des pédagogistes et au niveau des instances qui décident quel doit être le type d’homme et de citoyen que l’on veut former.

Abbé Philippe Bourrat

Source : Editorial – Lettre de l’ADEC n° 42

1. Catherine Piraud-Rouet, L’Etudiant, Comment la baisse du niveau en français des collégiens et lycéens est devenue structurelle, Publié le 17.04.2023

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