L’intelligence française contre l’asservissement

L’intelligence française contre l’asservissement

 Retrouvez Stephanie Bignon, présidente de l’association « Terre et Famille » à la journée d’Action Française le 18 mars.

Ingénieur spécialiste des fonds marins, éleveur en Bourgogne, engagée en politique à l’échelon local, Stéphanie Bignon est co-auteur avec Anne Brassié d’un traité sur le féminisme : Cessez de nous libérer, elle est aussi l’auteur de l’essai La chasteté ou le chaos. Stéphanie Bignon est collabobrice à l’Echo d’Action Française et est une habituée des Journée d’Action Française. 

Elle a en outre préfacé le dernier livre de Philippe Champion : « Charles Maurras, du félibrige au nationalisme intégral » (Editions d’Action Française). Disciple de la grande Simone Weil, Stéphanie Bignon interviendra sur le thème de l’intelligence française. 

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Pour une politique étrangère au service de l’intérêt national

Pour une politique étrangère au service de l’intérêt national

Parmi les quatre (ou cinq, (selon la façon dont on les définit)) fonctions régaliennes dont la Cité est investie, la politique étrangère jouit d’une primauté absolue. Elle est clairement première par son objet, la Cité ne pouvant en effet connaître ni paix civile, ni justice, ni finances ordonnées, c’est-à-dire aucune des composantes de l’ordre, sans lequel ne peut se réaliser le Bien commun, si, au préalable, n’ont pas été établies des frontières sûres. C’est donc aux menaces extérieures, pesant sur la Cité, que la politique étrangère doit faire face. 

Quant aux moyens, politique étrangère signifie d’abord diplomatie, mais celle-ci ne peut avoir d’existence réelle, d’efficacité pratique, que si elle dispose de l’ultima ratio qu’est la force des armes ; du temps, pas si lointain où, communiquant la culture avec le savoir, l’école de la République enseignait le latin au collège, les élèves connaissaient tous l’adage « si vis pacem, para bellum », qui apparaissait comme une évidence de simple bon sens[1].

Il n’y a donc qu’une pure analogie de contamination morale à qualifier en bien ou en mal les décisions de politique étrangère, qui ne sont efficaces que par rapport à leur objet ainsi défini, ou inutiles et a fortiori mauvaises, que par rapport à ce même objet ; il n’y a là, il ne peut y avoir là, aucune espèce de morale ce qui est d’un autre ordre. On pense au mot de Chamfort : « On ne joue pas aux échecs avec un bon coeur ».

Pour souligner cette primauté absolue de la politique étrangère, on peut, dans une plus large mesure, suivre Carl Schmitt, selon lequel la spécificité du politique, et ce à quoi se ramènent les actes et motivations qui en relèvent, est la différentiation de l’ami et de l’ennemi. Même si l’on peut mitiger la priorité absolue, établie par le philosophe rhénan, entre les présupposés du politique, c’est un fait que la désignation de l’ennemi, en même temps qu’elle se trouve à la base de l’agir en quoi consiste proprement la politique, rend compte également de l’être politique. Julien Freund, dans son Essence du politique, enseigne qu’« il n’y a de politique que là où il y a un ennemi réel ou virtuel » ; réel ou virtuel, parce qu’il s’agit essentiellement d’une altérité par rapport à soi, n’impliquant donc pas forcément une relation intrinsèquement polémogène. Cette reconnaissance et cette désignation sont un nécessaire et irremplaçable facteur d’union civique, dans son 1984, où il conçoit un gouvernement mondial, Georges Orwell crée de toutes pièces, l’ennemi extérieur, ennemi supposé réel, contre lequel sont organisées et entretenues toutes les haines, cristallisant et orientant contre lui, les aspirations naturelles à la violence. On reste bien ainsi dans le politique comme pluviversum première des essences permettant de définir la nature humaine. Cela dit, dans le monde concret, pour que la désignation de l’ennemi réel (ou d’ailleurs de l’allié) obéisse à la rationalité conforme au Bien commun, encore faut-il qu’elle puisse être effectuée en toute liberté ; et donc que celui ou ceux, à qui incombe cette importante décision, qui engage l’avenir de la Cité, ne fasse pas d’erreur sur l’identité du ou des ennemis potentiels. On en vient donc clairement à la souveraineté car, à l’évidence, seul l’intérêt national peut légitimement dicter sa loi dans la désignation de l’ennemi, et ce n’est évidemment pas au voisin de nous le dire. D’où la nécessité de l’absolue autonomie du choix des alliances diplomatiques, et a fortiori, de la décision de guerre, pour la même raison d’intérêt national ; un tel choix ne saurait évidemment être fait en fonction de considérations idéologiques ou morales, qui ne concernent en rien la politique. Léon Daudet, qui accompagnait son père aux eaux de Lamalou, rapporte les propos de l’historien et linguiste Auguste Brachet, curiste lui-même : « En matière de politique extérieure, je ne hais ni je n’aime. Je regarde où est l’avantage de mon pays, voilà tout ». Restant sauves les sympathies que chacun peut éprouver pour tel ou tel peuple, pour tel ou tel Etat, il y là une excellente anticipation de la formule maurrassienne : « La France, la France seule ! » On peut donc dire que, par sa nature même, la politique étrangère est le lieu éminent de la souveraineté et, de ce fait, la pierre angulaire du Bien commun.

Au contraire, chercher à imposer partout ses propres principes idéologiques, et se donner le droit d’infliger des sanctions à ceux qui ne veulent pas s’y soumettre, prendre parti dans des querelles, sans rapport avec le bien général des gens du pays, prétendre construire un monde meilleur, et, pour ce faire, intervenir dans les affaires des autres, n’est absolument pas l’objet normal de la politique étrangère ; en même temps qu’une confusion des essences (on se reportera aussi à ce sujet au lumineux enseignement de Julien Freund), il y aurait là, avec la manifestation d’une vanité démesurée, un détournement destructeur de la finalité de l’action politique !

            Dans son Histoire de deux peuples, Jacques Bainville fait remarquer que, rompant avec la sage et prudente tradition diplomatique de la Monarchie française, la Révolution s’engagea dans la voie périlleuse des guerres idéologiques ; dès lors ‒à l’exception des brèves années de la Restauration et de la Monarchie de juillet‒ « la question des rapports avec l’étranger ne (fut) plus réglée d’après les intérêts de la France, mais d’après des sentiments et des théories ». C’est en application de ce dévoiement que l’on vit un Napoléon III, dévot enthousiaste et borné, de « l’Evangile de Sainte-Hélène », manipulé par Bismarck, favoriser de toute les façons possibles l’unité allemande, après l’unité italienne, conduisant ainsi une politique de destruction de l’équilibre européen, alors fondé sur les traités de 1815 (suite de ceux de 1648) et, en conséquence, d’affaiblissement de la France.  En approuvant ardemment cette politique, commente Bainville, qui en juge d’après les résultats qu’elle a eus pour nous, ce n’est jamais « d’aussi bon coeur et avec autant d’irréflexion », que les Français ont crié : « Vive ma mort ! » Inéluctable conséquence de Sadowa ‒résume-t-il‒ « Sedan est la contrepartie de Bouvines ».

 Au fait primordial de la souveraineté, avec les conséquences qu’elle entraîne quant aux choix à faire, s’ajoutent deux autres éléments, essentiels à toute politique étrangère digne de ce nom. D’abord, c’est un fait que le péril n’est jamais unique. Par ses actes, ou par ses ambitions annoncées, un ennemi peut se désigner lui-même ; ce fut le cas avec l’Allemagne de Hitler qui, dès 1925, par son Mein Kampf, fit clairement savoir, face à l’aveuglement criminel des pacifistes à la Briand ou à la Blum, quel sort il entendait réserver à la France du traité de Versailles. Mais il faut surveiller aussi celui qui peut éventuellement nuire ; et comme, répétons-le, la politique n’a rien de commun avec la morale, c’est bien sur l’intérêt du pays et sur lui seul, que les conflits, comme les alliances, peuvent se fonder. Une chose est de mal évaluer cet intérêt à un moment donné, Louis XIII en 1632, Louis XV, lors de la première guerre de sept ans (selon Bainville), car on peut alors, se reprendre, mais c’en est une d’une tout autre gravité, de partir dans des fantasmagories idéologiques. Pour la même raison et dans la même logique, le second élément est qu’alliances et défense ne se préparent pas seulement pour le lendemain imminent, mais doivent aussi, pour la vie de la Cité, se projeter dans la durée ; si la communauté politique est faite pour exister dans l’espace, elle l’est aussi pour durer dans le temps. Et, on le sait : les erreurs se payent pendant longtemps, les erreurs politiques plus longtemps que les autres !

            A partir de ces considérations générales la question qui s’impose aujourd’hui est de savoir où en est la France dans laquelle nous vivons, en matière de politique étrangère. La réponse est qu’à peine plus d’un siècle et demi après Sadowa, sous nos yeux, au mépris de l’expérience historique, les gouvernements républicains se succèdent sur la voie de la trahison de nos intérêts et que les Français n’ont pas renoncé aux illusions mortifères, qui ont produit tant de désastres. Aussi, les Sedan qui se préparent sous la conduite des mauvais chefs qu’ils se sont donnés, n’ont pas fini de les ruiner, de les tuer ; en cette fin de l’an de disgrâce 2022, on peut redonner la plus fâcheuse actualité à la question toute simple posée par Maurras, dans l’Examen introductif de l’édition définitive de son Kiel et Tanger : « Oui ou non, la République peut-elle avoir une politique extérieure ?»

            A l’évidence, le manichéisme puéril qui semble aujourd’hui la base de toute réflexion de politique étrangère, et dont on obnubile les cerveaux dociles des Français, couplé avec la servilité face aux idéologies dominantes et la soumission à l’Alliance atlantique, mettent la France de Macron dans l’incapacité de servir le Bien commun. Il suffit d’entendre ce lamentable personnage ‒le même qui, tout récemment, appelait de ses vœux l’instauration d’un « ordre mondial unique »‒ inciter les Français à « payer le prix de la liberté » face à « l’attaque brutale » attribuée à Poutine, et de « payer le prix de la liberté » pour soutenir l’Ukraine. Les épigones macronards ne sont pas en reste : l’incompétent patenté, promoteur des sanctions qui devaient couler l’économie russe, interroge gravement : « Peut-on laisser un pays attaquer un autre pays ? C’est ce qu’a fait la Russie » ; sa nullissime cheftaine dégoise avec des trémolos émus : « La défense de nos valeurs a un prix » ; de leur côté, les médias dominants continuent leur communication sentimalo-belliqueuse à sens unique ; et une bêtasse de presse audio-visuelle regrette que les Français ne soient pas assez enthousiastes pour s’engager militairement en faveur de l’Ukraine.

            Il faut savoir raison garder. La liberté des Français est-elle menacée par la Russie ? Est-ce effectivement la leur dont ils doivent payer un prix quelconque pour l’assurer, ou bien doivent-ils payer eux-mêmes, pour l’assurer à d’autres ? Les Français sont-ils chargés d’un rôle de juge et de gendarme pour trancher sur la légitimité ou la non légitimité de telle attaque d’un pays par un autre, de juger sur le fait de savoir qui a raison ou tort dans un différend international qui ne les concerne en rien ?

 Moins borné que ses successeurs, dont certains poussèrent l’insanité jusqu’à un terme à peine croyable, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, déplore, à juste titre, cet « humanitarisme médiatisé », obstacle majeur, selon lui, à toute politique étrangère véritable.

Quels dangers mortels font au contraire, courir à la France, les élucubrations irresponsables des politicards de la république ! On regrette que ce ne soit pas un Français de la lignée des réalistes qui nous guidèrent jadis, mais le Premier ministre hongrois qui, dénonçant la position agressive de l’U.E, exprime la position la plus raisonnable : « La politique de sanctions est un pas vers la guerre. Quiconque intervient ainsi prend position, et c’est un autre pas vers l’une des parties en guerre, en d’autres termes en direction de la guerre. » Or, on le constate avec une résignation horrifiée : les conséquences, catastrophiques pour les Français, des sanctions économiques prises contre la Russie ne semblent même pas avoir fait s’interroger quiconque, sur la capacité des moyens militaires dont disposerait la France en cas de conflit ouvert. L’inepte république de 2023 fait, avec l’internationalisme européiste et otanien, inévitablement penser à celle de septembre 1939. Aussi, est-ce bien, hélas, par la négative, qu’en 2023, il faut répondre à la question posée par Maurras en 1927.

A l’opposé, il est clairement indispensable de revenir au politique comme essence, et à la politique comme agir, c’est-à-dire de se soumettre à la nécessité de renouer avec une vision géopolitique des relations internationales, dans un cadre largement pluraliste, et ce, par rapport au seul intérêt français.

L’instauration d’un ordre mondial unique ( que souhaite qui ???), ferait ainsi sortir l’homme de ses voies, et le condamnerait à mort, à moins que ne se reconstitue plus ou moins invisiblement ‒c’est, selon Julien Freund, de l’ordre de la nécessité‒ des structures politiques parallèles.

Philippe Champion 

[1]Comme l’ordre moral s’est glissé partout, la grammaire latine préféra un jour : « Si vis pacem, cole virtutem ».

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Avec l’AF, le politique sans fards

Avec l’AF, le politique sans fards

Retrouvez Philippe Champion, membre du Comité Directeur de l’Action Française et ancien directeur politique du journal « l’Action Française 2000 ». Fin connaisseur de la philosophie thomiste, Philippe Champion à écrit quantité d’articles et prononcé de nombreuses conférences notamment pour les universités d’été d’Academia Christiana.

Il est l’auteur de deux livres aux Éditions d’Action Française : Le petit monde de Léon Daudet préfacé par Anne Brassié, ainsi que Charles Maurras, du félibrige au nationalisme intégral  préfacé par Stéphanie Bignon.

Philippe Champion, interviendra sur la nécessité du « politique d’abord » principe de base de l’école d’AF, refusée par les courants démocrates-chrétiens mais aussi par certains traditionalistes… Beaucoup de catholiques sont enfermés dans des logiques ultramontaines qui freinent la progression de nos idées, mais nous le disons : la primauté du spirituel s’accorde parfaitement avec notre “Politique d’abord” !

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Esteban, Pierre et Clément

Esteban, Pierre et Clément

Il n’y a rien à dire. Pierre Palmade est un meurtrier, pas un assassin. Il a tué sans l’avoir prémédité ni même voulu, faute d’avoir prévu que sa façon de vivre et ses actes pouvaient provoquer mort d’homme. Il a honte, comme Adam et Eve chassés du paradis terrestre eurent honte, comme nous aurions tous honte si la part mauvaise et cachée de notre vie était révélée et qu’elle engendrait une horrible catastrophe, comme nous aurons honte en nous présentant devant notre Souverain Juge. La justice humaine va demander réparation, il s’y soumettra, c’est dans l’ordre des choses. Nous n’avons qu’à prier pour ses victimes et pour lui.

Le bruit mené autour de cette affaire, outre sa fonction de diversion (et de distraction, hélas), indique aussi pourtant, du point de vue politique, une tendance regrettable de l’appareil judiciaire et médiatique français à propager une morale à deux vitesses. Voyons pour mettre cela en lumière un autre homicide involontaire, survenu lors de la rixe le 5 juin 2013 rue Caumartin dans le neuvième arrondissement de Paris. Cet après-midi là des antifascistes et des JNR se sont rencontrés fortuitement à une vente de vêtements Fred Perry. Les antifas provoquent verbalement les fachos, moins nombreux, puis les attendent quarante minutes à la sortie. Chaque groupe rameute du renfort par téléphone, puis, à la sortie des fachos, c’est la castagne, durant laquelle l’un des antifas venus en renfort, Clément Méric, meurt, frappé d’au moins deux coups de poing à la face par Esteban Morillo, venu à la rescousse de l’autre côté. A dix-huit ans, Méric est un militant « connu des services spécialisés comme appartenant à un groupe de militants d’extrême gauche qui recherchaient la confrontation avec les militants d’extrême droite ». C’est pour cela que ses copains l’ont appelé, bien qu’il soit physiquement une crevette, sous dialyse pour corser la chose. Il rattrape sa faiblesse par la ruse et l’agressivité. Il a été filmé en d’autres occasions, le foulard sur le visage afin de masquer son identité, donnant des coups de poing armé d’une chevalière pour blesser ses adversaires, puis ôtant son foulard et retournant le chaton vers la paume pour passer, avec sa gueule d’ange, devant les policiers. Une vidéo fixe de surveillance montre ses pieds, le 5 juin 2013, tournant autour de Morillo avant de se faire sécher. La bagarre a duré sept secondes. Trop heureux d’avoir enfoncé des gauchistes plus nombreux, les fachos filent sans demander leur reste. Ils ne savent pas que Méric est « en état de mort cérébrale ». Il décèdera le lendemain.

Là-dessus les médias et la justice française vont monter toute une fantasmagoriepour dénoncer la « violence de l’extrême-droite » (selon un procédé classique d’inversion), et le procureur de Paris, Démolins, va même un moment, retenant des témoignages fantaisistes manifestement orientés, qualifier l’affaire en « homicide volontaire ». La chose servira un dessein politique immédiat, la dissolution de Troisième Voie, mouvement auquel étaient rattachés les fachos incriminés. Puis elle sera abandonnée, trop évidemment ridicule. Mais le parti pris continuera. Le procès n’aura lieu qu’en 2018, devant une cours d’assise de Paris grossièrement partisane, après que Morillo aura fait dix-huit mois de prison préventive. Dix-huit mois pour Esteban, à comparer au bracelet électronique de Pierre, et aux louanges tressées à Clément.

Pierre savait que conduire sous cocaïne pouvait provoquer un accident mortel. Esteban savait-il que se battre dans la rue pouvait provoquer un accident mortel ? Oui, aussi. La différence tient dans les victimes. La famille kurde n’a commis d’autre faute que d’être là. Clément a commis la faute d’avoir choisi d’être là, parce qu’il voulait casser du facho, interdire la rue aux fachos, ces gens qui, pour reprendre ses mots en ce 5 juin, « ne devraient même pas exister ». Son intolérance et sa haine, sa totale inconscience des risques encourus (il relevait de leucémie) ont mis Clément au contact du poing mortel. La famille kurde, elle, roulait tranquillement sur une route. Pourtant, le système a poursuivi Esteban avec une rigueur proche de l’hystérie, réservant sa complaisance à Pierre.

Nous souffrons ainsi d’une justice de classe ou plus exactement d’une justice de caste. Des juges bobos, solidaires du bobo Méric (fils de profs de gauche), ont plombé le prolo natio Morillo avec l’approbation des médias bobos. Des juges et des médias bobos tentent d’épargner le bobo Palmade. Précisons que dans bobo, le bourgeois compte moins que la bohème, ce qui excite la préférence du système c’est toujours la chienlit intellectuelle et morale, l’inversion, la drogue, la haine de l’ordre. Le narcissisme arc-en-ciel se complaît dans sa propre image.

Martin Peltier

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Face aux rêvasseries des Droits de l’Homme : Politique d’abord ! 

Face aux rêvasseries des Droits de l’Homme : Politique d’abord ! 

 
Depuis le 26 août 1789, les Droits de l’Homme ne cessent d’imposer l’idée que l’individu est l’alpha et l’oméga de toute réflexion politique, ce qui revient à poser tout problème en termes de droits, donc en termes conflictuels, et débouche sur des luttes stériles et suicidaires entre clans, entre partis, entre lobbies. Puisque l’individu tant flatté est lui-même le fondement du droit, ses moindres désirs peuvent s’ériger en absolus et doivent alors, même s’ils sont contre-nature, être reconnus par la loi. Et malheur à quiconque s’y oppose au nom des lois non écrites ! Voilà donc la plus antipolitique des idéologies, espèce de théocratie sans Dieu, devenue la seule norme d’une société qui ne veut plus de normes ! Véritable histoire de fou. Et si encore lesdits Droits avaient amélioré l’espèce humaine ! En fait depuis deux siècles on a connu les pires guerres, massacres et génocides, nullement empêchés, parfois même justifiés par cette croyance laïque et obligatoire.
                                                       
 L’ordre naturel 
 
Que voulait dire le serment du sacre des rois de France, parlant de « rendre justice à chacun selon ses droits » ? Tout simplement que dans l’ancienne France, chaque Français jouissait de libertés, donc de droits en tant que membre de telle communauté dans laquelle son bien propre s’ordonnait au bien général selon toute une hiérarchie de droits et de devoirs (familiaux, communautaires, professionnels, provinciaux, nationaux…) que couronnait le roi incarnant le bien commun, reliant le temporel au surnaturel.
On savait alors, avec Aristote et saint Thomas, que l’homme « animal politique » n’a pas de besoin plus pressant que d’être membre du corps politique pour y recevoir, proportionnellement à sa place, à sa fonction, ce qui est juste, ce qui est son droit.
Peut-on croire que dans une telle société l’individu était étouffé ? Ce serait oublier que sous quelque régime que ce soit, est inscrite dans le cœur de chacun de nous la loi naturelle, la loi de la raison droite. Cette donnée immédiate de la conscience doit être cultivée par l’éducation, par la formation de l’intelligence et de la volonté, afin d’assurer l’articulation entre la liberté du sujet et son ordonnancement au bien objectif. Elle ne peut être soumise aux options d’aucun législateur ici- bas. Elle est la source de ce que les sociétés chrétiennes ont toujours appelé les droits fondamentaux, naturels, imprescriptibles de chaque homme.
Le père de Clorivière, dans ses Études sur la Révolution (1793) les définissait ainsi :
1) la connaissance de la Vérité ;
2) la poursuite du bien nécessaire à son bonheur et à sa fin ;
3) la liberté ou le pouvoir de faire tout ce qui n’est pas contraire au devoir ;
4) la conservation de sa personne et de ses biens. Les deux premiers sont absolus, les deux derniers le sont dans la mesure où l’on n’a pas mérité de les perdre par quelque crime.
Voilà des droits qui n’érigent nullement l’individu en absolu ; ils l’ordonnent au bien et chacun a le devoir de les défendre même au prix de sa vie, quand, par exemple, une autorité abuse de ses prérogatives, ou quand un État brade une nation ou lui impose une législation contraire à la religion et à la morale. L’objection de conscience est alors légitime défense. Pour apprendre à résister à tous les Néron, Staline ou Hitler, à tous les avorteurs, à tous les violeurs des âmes et des corps en ce bas monde, une bonne et vigoureuse formation de la conscience suffit, il n’y avait nul besoin d’une Déclaration tonitruante de Droits qui, le plus souvent, abandonnent les consciences à tous les vents médiatiques. 
 
Qui est l’Homme ?
 
“Libérer” l’homme de tout ordre naturel, l’arracher aux rapports nécessaires entre individus et communautés, à tout agencement de finalités liées à des situations données : tel fut le but des auteurs de la Déclaration de 1789. Chacun n’a plus qu’une destinée personnelle, la société n’est qu’une juxtaposition d’individus cohabitant par hasard, et le droit se rapporte uniquement à ceux-ci, sans référence au bien commun ; il n’a plus sa source qu’en l’homme lui-même et les droits deviennent subjectifs. L’absurdité de cette construction philosophique purement rationaliste fut ainsi exposée par le professeur Michel Villey : « Le droit est un rapport entre des hommes, multilatéral. Comment pourrait-on inférer une relation couvrant plusieurs termes d’un terme unique, l’homme ? » (Le Droit et les Droits de l’homme, PUF, 1983). L’Homme des Droits de l’Homme est un homme abstrait, “libéré” de tout ce qui le caractérise, de toute attache à une famille, à un métier, à une région, à une nation, à une religion et même à un sexe… En somme un homme qui n’existe pas, mais qu’il importe de créer : un homme nouveau (caricature de l’Évangile) qui refera le monde à son image, un homme devenu simple atome social, coupé de toute transcendance, afin de renaître en s’autodivinisant. Les Droits de l’Homme constamment martelés aboutissent à une confusion des ordres : changer l’homme, cela relève non de la politique, mais de la morale !
 
Théocratie
 
Les vigoureuses libertés traditionnelles des forces vives du pays survivent comme elles le peuvent dans cette permanente incitation aux revendications individualistes qui aboutit à la déification de tous les désirs voire de toutes les pulsions. Et malheur à celui qui, au risque de se faire remarquer par la HALDE et autres officines de vertu républicaine, oppose la Vérité, l’héritage historique, les lois naturelles et surnaturelles, le respect de la vie à naître, la défense de la famille…, à toutes ces pressions entretenues dans et par les médias pour faire entrer dans la loi leurs propres fantasmes ! On est en pleine “démocratie des mœurs” : l’État s’arroge le droit de légiférer en matière de mœurs. Est désormais tenu pour moral ce qui est légal, la démocratie sert de « substitut à la morale ». Cela s’appelle la tyrannie. Sur le plan international aussi, les grands rabbins des Droits de l’Homme portent d’énormes responsabilités dans bien des guerres et bien des interventions catastrophiques, pour apprendre, par exemple, la démocratie aux pays arabes… Il ne faut toutefois pas croire que cette théocratie sans Dieu puisse s’éterniser. Puisqu’elle n’est que subjectivisme, moralisme et bourrage de crânes, lui barreront un jour la route ceux qui diront Politique d’abord. Il n’y a pas de plus grand remède aux rêvasseries droits-de-l’hommistes que le réalisme, l’observation objective des lois naturelles et de l’expérience séculaire, en somme que l’empirisme organisateur que nous a enseigné Charles Maurras. 
                                                                                                                        Michel Fromentoux 

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Pour une politique étrangère au service de l’intérêt national

International : Dernières nouvelles du Haut-Karabakh

Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour l’impudeur dont nous faisons preuve en détournant momentanément notre regard de l’Ukraine pour nous occuper d’un autre conflit, bien moins intéressant pour les médias, celui qui détruit lentement mais sûrement le Haut-Karabakh !

Haut-Karabagh

Après la guerre qui fit rage entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie en 2020 et après l’agression azerbaïdjanaise de mars 2022 où cette région du monde subit encore une fois une nouvelle invasion azérie qui provoqua de nombreux morts et de nombreux blessés – Nous vous renvoyons à notre précédent article sur le sujet : International : l’Artsakh est attaqué ! – L’Action Française (lactionfrancaise.fr), qu’en est-il aujourd’hui ? Quelles sont les dernières nouvelles de ce conflit ?

Malheureusement, ce peuple martyr subit encore de nouvelles agressions, non pas armées et retentissantes, celles-ci attirent bien trop l’attention – et encore ! -, mais d’autres, d’une manière plus fourbe et plus discrète… Quand le bruit du coup de fusil fait trop de bruit, ne vaut-il mieux pas étrangler doucement son adversaire ? Oui, la situation est dramatique pour les Arméniens. Le couloir de Latchine, qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie, est bloqué depuis deux mois par l’Azebaïdjan. Comme le souligne le chercheur Tigrane Yégavian pour Sud Ouest (15/02/2023) :

“Seule la Croix-Rouge peut encore rentrer. Les 120 000 habitants manquent de tout : aliments de base, médicaments, lait et couches pour enfants. Les réserves sont à sec, les gens ont des coupons de rationnement. Les écoles sont fermées… On ne peut plus évacuer malades et grands blessés vers les hôpitaux d’Erevan”.

Comme dans beaucoup de domaines, il existe de vrais blocus et de faux blocus, celui-ci est réel et total ! Les nombreux témoignages qui nous reviennent parlent effectivement de pharmacie vide, de nourrissons nourris à la farine – quand ils en trouvent ! -, d’habitants souffrant du noir et du froid, mais aussi de familles séparés qui ne peuvent se retrouver ! Le corridor de Latchin est coupé depuis le 12 décembre. Ce matin-là, vers 10h30 heure locale, des Azerbaïdjanais, se présentant comme des militants écologistes protestant contre des mines illégales dans la région, coupent la route reliant la ville de Goris à Stepanakert. Un faux prétexte, bien sûr ! Avez-vous déjà vu de tels mouvements écologistes dans un pays, l’Azerbaïdjan, qui ne vit que des énergies fossiles ?

Il s’agit bien de membres des services spéciaux azerbaïdjanais qui ont un objectif clair et affiché : créer une pression psychologique sur les arméniens pour que ceux-ci quittent le territoire tant convoité ! Les Arméniens craignent que la guerre ne reprenne et que leur pays soit littéralement dépecé, le grand loup turc attendant dans l’ombre l’heure où il pourra se jeter sur ce pays sans défense et sans allié !

L’Azerbaïdjan se sent plus que jamais les coudées franches, d’autant plus qu’il est activement soutenu et encouragé par la Turquie. S’installant de plus en plus dans une logique de retour à l’empire ottoman, Ankara compte bien mettre à profit son partenariat privilégié et sa communauté identitaire avec l’Azerbaïdjan pour poursuivre son rêve de restaurer l’espace turcique dans le Caucase et de faire de cette région un corridor vers les anciennes marches de l’empire ottoman que sont le Turkménistan et le Kazakstan. Le drame de l’Arménie est d’être au beau milieu de ce corridor, coincée entre les frères de Bakou et d’Ankara. D’ailleurs, qu’importe le parti qui remportera les élections en Turquie, il ne pourra que poursuivre cette politique délétère.

Oui ! L’Arménie se retrouve encore seule dans cette sombre confrontation ! Seule dos au mur, les prédateurs face à elle nombreux et voraces ! Certes, l’Iran apporte son soutien diplomatique, certes la Russie reste présente, mais bien occupée ailleurs. Quant à l’Occident, il est bien trop occupé à lorgner les énergies azéries pour soutenir ce petit pays si insignifiant, qui représente si peu dans le concours des nations !

 

                                                                                                                                                                                                                       Guillaume Staub

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