Action Française : Cher monsieur, nous vous remercions d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien pour l’Action Française. Nous tenions à vous interroger, tant vos dessins, que nous pouvons admirer dans diverses publications comme Rivarol ou Présent, nous semblent questionner nos sociétés adeptes de contradictions et de discours formatés et calibrés, qui empêchent qu’aucune possibilité de lien avec le réel ne se fasse. Face à l’abrutissement généralisé, à la matière humaine indifférenciée, telle qu’elle fut théorisée par Renaud Camus, et à l’unicité des vues que l’on nomme  « le politiquement correct », vos dessins frappent fort, frappent juste. Mais avant que nous ne poursuivions, pouvez-vous vous présenter ? Qui êtes-vous exactement ? Quel fut votre parcours ? Et, surtout, pourquoi – ou plutôt pour quoi – vous battez-vous ?

David Miège : Je suis né à Aix-en-Provence où j’ai fait mes études scolaires et, me suis confronté, plus tard, à l’art contemporain, puisque je suis diplômé des Beaux-Arts d’Aix. J’y ai pratiqué pendant cinq années, l’art conceptuel et d’autres divagations post-soixante-huitardes… Une expérience malgré tout enrichissante, ne serait-ce que pour étudier de l’intérieur les rouages de l’art officiel et subventionné ! (Rires). En même temps que mes débuts balbutiants en peinture, j’ai commencé à collaborer à de nombreuses publications régionales, publiant mes dessins ici et là. Je dois préciser que mes convictions royalistes n’ont pas facilité les choses dans les différents milieux culturels, où j’ai évolué! (Rires). Puis, ce fut la montée à Paris et la rencontre avec de grandes plumes comme Serge de Beketch, Jean-Claude Valla, Alain Sanders ou encore Francis Bergeron… Avec le plaisir de travailler pendant de nombreuses années au défunt Minute ainsi qu’à Présent ou dans d’autres publications plus ou moins (surtout plus) incorrectes.

Action Française : Pour aborder votre travail, nous aimerions commencer par la forme. Comment vous est venu ce type de dessin particulier – d’ailleurs, comment le définiriez-vous? -, comment sont nés ces traits que vous pratiquez ?

David Miège : Mon « trait si particulier » comme vous dites s’est imposé petit à petit, avec l’univers qui va avec. Je tente d’avoir un graphisme le plus épuré possible… Ce qu’on nomme « la ligne claire ». Tout jeune j’admirais des dessinateurs comme Bosc, Chaval, Peynet… sans oublier Cocteau qui, on l’a souvent oublié, fut un talentueux dessinateur de presse. J’aime que mon trait soit le plus lisible possible… c’est comme une forme d’écriture… Je suis un écrivain de l’image.

Action Française : Avant d’aborder des sujets d’actualité, j’aimerais revenir sur votre formation. Vous êtes diplômé des Beaux arts d’Aix-Marseille, que pouvez-vous nous dire de l’ambiance qui y régnait ? Y avait-il une mainmise toute puissante de l’art contemporain ? Savez-vous si la situation a changé ?

David Miège : L’ambiance qui régnait aux Beaux-Arts était complètement déjantée… ça partait dans tous les sens ! Le meilleur y côtoyant le pire! C’était, et cela est toujours, le lieu de la pensée unique et obligatoire, le diktat de l’art conceptuel, la dictature du laid… La beauté étant considérée comme réactionnaire ; du coup, des générations d’étudiants et de créateurs talentueux ont été sacrifiés au nom d’un art officiel, destructeur de nos racines et de notre identité.

 

Action Française : J’aimerais maintenant aborder vos dernières œuvres, parmi celles-ci, le conflit russo-ukrainien semble occuper une large place. Que vous inspire-t-il ? Pourquoi vous mobilise-t-il autant ?

David Miège : Le conflit russo-ukranien est le modèle type de la désinformation (thème inventé par le regretté Vladimir Volkoff). Cela m’inspire un profond dégoût à l’égard de nos élites politico-méditatiques qui sont toujours le bras armé de l’oligarchie et de la haute finance. Quel cynisme de faire de cet occident décadent, le fossoyeur d’Etats et de civilisation qui ne correspondent pas aux standards de la consommation macdonisée et de l’abrutissement des masses. Poutine n’est certes pas un modèle de vertu, mais il me semble que l’Europe ait raté un rendez-vous historique avec la Russie. La guerre peut s’étendre sur tout le continent européen… il nous manque un Bainville pour nous éclairer sur notre avenir et les conséquences désastreuses qui s’annoncent par la faute de nos dirigeants corrompus et aveuglés. A mon humble niveau, je tente de donner une autre perception des événements… mes seules armes sont mes petits dessins, c’est-à-dire pas grand-chose !

Action Française : Par ailleurs, ce conflit semble bénéficier à Emmanuel MacKinsey qui vient d’être réélu pour un second mandat. Sommes-nous prêts à affronter ce second mandat ? Quel tableau pourriez-vous dresser de ces cinq dernières années ? Quels en furent les événements saillants ? Bref, dans quel état se trouve notre pauvre Etat ?

David Miège : Avec François Hollande, nous pensions avoir touché le fond… il faut croire que l’on creuse encore avec Macron. Je désespère parfois de mes compatriotes qui s’accommodent d’une dictature rampante, qui s’immisce partout dans leur existence… le pire étant qu’ils en redemandent ! L’homo festivus est un esclave volontaire. Une note optimiste malgré tout : il subsiste un esprit frondeur (à commencer par l’Action Française) qui crée ses réseaux, ses médias, ses groupes, ses liens…

Action Française : Vous semblez également très inspiré par l’actualité littéraire et notamment par l’actualité célinienne. Que vous inspire Louis-Ferdinand Céline et plus généralement les infréquentables – Brasillach, Drieu la Rochelle, Lucien Rebatet ? Avez-vous des figures votives qui vous inspirent ?

David Miège : Je prépare un recueil de dessins sur les écrivains sulfureux qui s’appellera « Encre sulfurique », on y retrouvera un florilège d’auteurs et d’écrivains qui ont mis leur peau au bout de leur plume : Céline, Drieu la Rochelle, Rebatet, Cousteau, Brasillach, Léon Daudet, et tant d’autres. Une façon toute personnelle de leur rendre hommage, car ils ont, chacun à leur façon, éclairé un moment ou un autre de mon existence. J’espère faire partager ce patrimoine à travers cet album.

Action Française : Nous vous remercions d’avoir répondu à nos questions ! Comment peut-on suivre vos productions ? Comment pouvons-nous vous soutenir ?

David Miège : Vous pouvez retrouver mes dessins dans Présent, Rivarol, Le Méridional, Les 4 vérités, l’Homme Nouveau, etc.

Propos recueillis par Guillaume Staub

N'hésitez pas à partager nos articles !