« Avec deux n », précisait voilà quelques années Jean-Marie Le Pen quand on lui demandait l’orthographe de Gilbert Collard. Un avocat bruyant et franc-maçon, dont les nombreux sauts de carpe ambitionnaient surtout de le faire connaître, vient de rejoindre Zemmour, après d’autres. Curieuse méthode pour un opportuniste, la candidature Z ne parvenant pas à décoller : mais beaucoup de chercheurs de places ont rejoint Napoléon juste avant Waterloo. Ce petit événement parisien demande une observation et une question. La remarque, d’abord : ce ralliement confirme, aussi clair que le soleil, la nature du zemmourisme actuel : c’est un cartel de mécontents, une course d’ambitions, un rêve de réussite, sans contenu doctrinal. La question : qu’apportent au courant qu’ils rejoignent ces nouveaux transfuges ? J’aurais tendance à répondre, rien d’autre que l’importance qu’ils se donnent.

On va voir si Marine Le Pen a du caractère. Elle subit aujourd’hui, en cataracte, les conséquences de ses nombreuses erreurs. Erreurs de jugement sur les hommes. On ne promeut pas inconsidérément des ambitieux sans convictions pour leur ôter ensuite les avantages auxquels ils s’étaient habitués. Erreurs de jugement sur la doctrine, génératrice de marches et contremarches. Sans doute le pur libéralisme économique est-il à la fois injuste et infaisable, mais une certaine démagogie simpliste et socialisante n’en est pas moins vaine. Erreur sur la façon de présenter la doctrine. Paraître oublier l’immigration a ouvert un boulevard aux obsédés de la question musulmane. Voilà donc la candidate du Rassemblement National aujourd’hui abandonnée, et pas seulement par des aventuriers en quête de notoriété, mais par de nombreux braves Français qui ne se sentent plus représentés par elle.

Sans déifier le suffrage universel, le réalisme commande de ne pas se priver d’un des rares moyens d’agir qui nous reste, le vote. ” Par tous les moyens, même légaux ! “. Que choisir, ou qui choisir à la présidentielle, est donc une question importante. S’abstenir revient à plébisciter Emmanuel Macron. Mon réflexe serait de voter Marine Le Pen puisque sa famille a porté le drapeau français depuis 1973 (et même bien avant), à des moments où il n’était pas si commode de le faire. Mais il ne lui suffira pas de montrer du caractère, il lui faudra surtout de la jugeote. Du bon sens, dont elle a grandement manqué ces dernières années. Sa première faute capitale, d’où beaucoup d’autres sont nées, fut de chasser son père de son mouvement. Ce fut un crime contre la famille.

Or, toute politique bonne, toute cité solide, se fonde sur la famille, cellule de base de la société. Nier, dans sa pratique, sa propre famille, est signe d’un désordre intellectuel et moral.

Or c’est la marque commune des principaux candidats. Z a quitté son épouse pour fonder une nouvelle famille avec sa conseillère, Marine habite avec ses chats dans la même maison qu’une amie, Macron vit avec une vieille femme sans lui avoir fait d’enfants. Il ne s’agit pas ici de disputer de leurs goûts et voluptés, mais de constater que, comme François Hollande précurseur en la matière, tout ce monde prétend donner le primat aux élans individuels sur la famille. On n’installait pas naguère de célibataire à l’Elysée, et il ne se trouvait d’ailleurs pas de célibataire de plus de cinquante ans : il n’y avait que des pères, des grands pères, mariés ou veufs. Je ne prétendrai pas qu’ils étaient irréprochables, Louis XIV n’était pas un enfant de chœur…

Mais la famille capétienne arrondissait son pré carré au bénéfice des Français. La gauche romantique et moraliste a nommé hypocrisie l’effort que des générations ont accompli pour perpétuer un modèle et transmettre un patrimoine.

On ne saurait prétendre défendre et incarner la France si l’on fait passer la fantaisie de l’individu devant le service des familles.

Martin Peltier

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