On a beaucoup parlé de l’affiche du planning familial montrant un couple d’homo mâles dont l’un était « enceint » mais on n’a pas tout dit, on a même manqué le plus important. C’est qu’il faut d’abord situer les choses. Nous subissons un phénomène qu’on a nommé improprement Crise, dictature sanitaire, wokisme, Big reset, totalitarisme orwellien, etc., et qui est en fait une révolution à triple drapeau arc-en-ciel, LGBT+, écologisme/santé, nation arc-en-ciel de Mandela/Tutu.

Une révolution dont l’objectif est la création d’un homme nouveau. Cette révolution est une inversion, le haut passe en bas et le faux devient vrai. C’est une religion, avec un nouveau bien, un nouveau mal, une nouvelle foi. De cette révolution, les pauvres malades LGBT+ sont la chair à canon, de cette religion, ils sont inspirateurs, car ils sont les symboles de l’inversion.

Revenons à notre affiche, on y voit deux cloches bobocrates bien confortablement assises sur un canapé, bien arrivées, cela se voit au poil gris de celui qui fait l’homme et aux discrètes lunettes de celui qui fait la femme. Le planning a engagé un dessinateur engagé (le transgenre Laurier The Fox) pour donner le maximum de sens aux éléments du dessin. Aussi nous faut-il noter que « la femme » (qui, selon le chanteur Jean Tennenbaum dit Ferrat citant le poète bolchevique Louis Aragon, est l’avenir de l’homme) est mélanoderme, qu’elle porte une barbe de trois jours à la Gainsbourg, un pantalon bleu (comme un garçon) et des bras pleins de poils ; tandis que « l’homme » arbore, avec sa barbe grise, une longue chevelure de même couleur joliment relevée derrière l’oreille, et porte au-dessous de la ceinture un vêtement qu’on ne peut décrire, jupe ou pantalon, de couleur rose. Sa peau est blanche, et, sur ses mains et ses avant-bras, glabre. En somme, on ne saurait mieux « déconstruire les stéréotypes » ( = nier la nature) : « la femme » est « enceint », mais il a les caractéristiques d’un homme, dominant et noir, tandis que « l’homme » a celle d’une femme blanche – car l’arc-en-ciel s’occupe en même temps de race et de genre.

Jusqu’ici, ça va. Nous sommes plongés dans une inversion soignée, peinte au poil de martre. Voyons la suite, sérieuse et rassurante. Les personnages sont assis devant un mur où sont épinglées des information, peut-être dans une salle d’attente qui ressemblerait à un salon. L’endroit est très cosy. L’atmosphère et la perspective d’un heureux événement portent à l’expression de tendres sentiments. N’étant pas grand cartooniste de l’amour conjugal gay, je ne saurais vous décrire avec la précision suffisante le jeu des regards et des sourires, l’art avec lequel Laurier The Fox s’attache au pli des bouches, aux rides, à la façon de se prendre les mains, pour exprimer la tendresse qu’affichent le « papa » et la « maman » à l’idée d’être bientôt parents. Mais j’ai envie de leur jeter un seau d’eau. De dire : Stop, Holà, les dingues, savez-vous ce que vous profanez ? Je sais bien, chers malades, qu’on vous apprend depuis des décennies à raisonner et sentir à l’envers, mais là, vous passez les bornes !

Ce qui est en jeu, on l’a bien compris, c’est la représentation de la norme, de la normalité. Tout est fait pour « casser les codes » de la représentation des sexes, tout l’est aussi pour utiliser les codes de la représentation de l’abondance tranquille et permise, selon la petite bourgeoisie bobo et ses convenances puériles et honnêtes : tout est suave dans cet intérieur, la pose, le canapé, les matières. La scène se passe dans un décor safe et secure, on ne saurait être plus normie que ce couple, il est hyper mainstream en diable. Ce que ces fous idéologues sont en train de réussir, et il suffit de regarder les pubs à la télé pour le confirmer, c’est l’inversion de la sensibilité publique : on avait l’habitude qu’ils se roulent des galoches, montrent leur derrière et se promènent en laisse à la Gay Pride, mais cela, ce n’est rien, ça existait avant Pétrone : maintenant  ils se sont approprié l’attendrissement un peu bébête devant l’enfant qui paraît. L’affection des familles. L’inversion triomphe. L’arc-en-ciel jubile. Et, vous l’avez noté, le ministre Isabelle Rome en « soutient pleinement l’action ». Ne jamais croire que ce dynamitage est l’œuvre de minorités, de marginaux ou d’extrémistes.

Martin Peltier

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