À l‘Action Française, nous eûmes et avons sans cesse à cœur de combattre cette lèpre contagieuse qu’est la démocratie et plus encore son enfant bâtard qu’est le démocratisme. Pour deux raisons nous y revenons encore une fois.

Premièrement, comme nous le rappelle Jean Haupt : “tant qu’il y aura des parents conscients de leur mission, ils ne cesseront de répéter à leurs enfants : “faites bien attention ; couvrez-vous, n’attrapez pas froid”, même s’ils sont traités de vieilles badernes et de “croulants”. De même, ne devons-nous jamais nous lasser de crier aux peuples “casse-cou !” et, à la propagande intensive, sans scrupule, de la démocratie, qui, sous le couvert de slogans idéalistes, exploite en fait les passions des hommes, leurs faiblesses, leur tendance naturelle à la facilité, nous devons opposer les arguments de la Contre-Révolution” (Jean Haupt, Le procès de la démocratie).

Deuxièmement, parce que nous nous inquiétons des populismes. Expliquons-nous. Derrière ce mot de démocratie peuvent se cacher quatre réalités politiques, quatre acceptions du terme. La première cache derrière le mot de démocratie le système politique issu de la Révolution française et de son corpus idéologique – philosophie dite des Lumières, Droits de l‘Homme, vision rousseauiste du Contrat social, etc. La deuxième acception désigne simplement le système politique pur, c’est-à-dire une organisation de la cité fondée sur le pouvoir d’un peuple donné. La troisième consiste à reconnaître la seconde à un échelon donné – démocratie communale tempérée par un pouvoir national royal par exemple, id est une forme mixte de gouvernement politique. Enfin, la quatrième acception peut être apparentée à la démophilie, c’est-à-dire l‘amour du peuple.

Que les nationalistes aiment le peuple, qu’ils soient démophiles, est un sain sentiment car nous ne nous battons jamais que pour le peuple à travers la nation – celle-ci n’étant jamais une déesse à laquelle nous devons tout sacrifier – ; nous combattons pour le bien commun qui est le moyen nécessaire pour que chaque personne puisse réaliser ce pour quoi elle est faite. C’est ainsi que nous avons pu avoir quelques tendresses pour les Gilets jaunes qui ont tenté, vainement, de se dresser contre l‘ennemi oligarchique. Mais entre la démophilie et le démocratisme, il n’y a qu’un pas que nous ne devons jamais franchir. Voir dans le soulèvement des peuples, dans les révolutions populaires un bien en soi qui permettrait une restauration nationale ou l‘instauration d’une France enfin libérée du joug des Etats confédérés est d’une naïveté coupable ! D’aucuns nous diraient qu’il ne s’agit nullement d’une fin en soi, mais d’une occasion pour les nationalistes de renverser le pouvoir, un instrument aux mains des antidémocrates que nous sommes !  Impossible. Pensez-vous qu’un peuple ayant conscience de sa force pourrait tolérer qu’on lui ôte son pouvoir

Croire au peuple, c’est croire au pouvoir que celui-ci a de se guider lui-même, or le peuple n’est jamais qu’une masse errante, proie de toutes les puissances organisées !
Car enfin, croire que le peuple souverain puisse se soulever souverainement, c’est croire au principe démocratique même, c’est croire qu’une multitude parvienne à structurer consciemment un projet politique qui sache séparer le bon grain de l‘ivraie, c’est-à-dire qui connaisse sa finalité, les moyens d’y parvenir et même les embûches ! Le peuple en est incapable et ce n’est nullement sa vocation. Et si encore notre peuple était sain ! Mais regardons-le : en pleine dégénérescence, victime d’un viol démocratique depuis plus de deux cents ans et d’un antichristianisme qui le fait se rouler dans la fange des plus répugnantes idées et se complaire dans l‘assouvissement de ses plus bas instincts ! Pensez-vous qu’un peuple asservi et perverti par la pornographie, le métissage, la bestialisation, la dévirilisation, le consumérisme, l‘esprit bourgeois et le matérialisme puisse connaître le bon, le beau et le vrai ? Comme le disait Lucien Rebatet, “il n’y a pas une seule fissure dans l‘énorme bloc de sa bêtise” (Les Décombres).
Notre peuple, s’il devient souverain, creusera non pas sa tombe, mais sa fosse commune.
Regardez la dernière votation suisse qui autorise le mariage des invertis, regardez les préoccupations des français et osez espérer en notre peuple. Le peuple n’est pas fait pour guider, il est fait pour être guidé. Quelle solution ? Quelle issue ? Un roi pour nous guider, une aristocratie pour préparer sa venue. Que les jeunes générations et les plus anciennes n’aient aucun espoir de restauration par le nombre, mais qu’elles s’efforcent de devenir cette nouvelle aristocratie qui guidera le peuple et préparera la venue du Roi qui sauvera le nombre de lui-même.
 
Guillaume Staub
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