Que recouvre l’appellation fameuse d’ “Action Française” ? Un mouvement politique, un journal, une pensée, une méthode, des combats, des polémiques, des hommes – d’abord Charles Maurras – qui ont profondément marqué la vie intellectuelle, politique et même religieuse de la première moitié du XXe siècle français… De nombreux écrivains, philosophes et hommes politiques ont fréquenté “l’école d’Action Française” ou ont, du moins, été influencés par “le Maître de Martigues”.
Voici enfin un livre qui offre une présentation – résumée mais complète – de l’Action Française et de son célèbre penseur, qu’on évoque encore souvent, à droite et à gauche, sans toujours savoir de quoi il retourne exactement. Par la même occasion, l’auteur propose une défense pied à pied de la doctrine et des combats de l’Action française face aux accusations diverses dont ils ont pu faire l’objet.
Gérard Bedel, membre du Comité Directeur de l’Action Française propose ici un ouvrage précieux pour quiconque désire posséder une culture politique élémentaire et connaître un point de vue “d’AF”.

 Vous pouvez commander l’ouvrage au prix de 22 euros en écrivant à notre secrétariat : contact@lactionfrancaise.fr

Introduction

Il n’y a aucune possibilité de restauration de la chose publique sans une doctrine

Barrès, Journal, 30 octobre 1899

Mon royalisme vient de mon patriotisme

Berryer

Pour le cent cinquantième anniversaire de sa naissance, Charles Maurras figurait dans le Livre des commémorations nationales publié à la fin de 2017 avec un avant-propos du ministre de la Culture. Cette publication provoqua les hurlements des chiens de garde de la Pensée unique, la presse aux ordres emboîta le pas, le ministère se coucha et l’ouvrage fut retiré de la vente. Le nom de Maurras doit disparaître du monde contemporain comme celui du poète Heine sous le IIIe Reich[1]. Tant il est vrai que l’idéologie salit tout dans les régimes totalitaires et obscurcit les esprits.

Et pourtant des ouvrages consacrés à Maurras ou à Bainville paraissent, les éditions Robert Laffont, par exemple, ont publié L’Avenir de l’intelligence et autres textes[2].

Mais on est étonné de voir comment l’Action française est souvent traitée par ceux qui se réclament d’elle. Il semble qu’on a honte de l’attitude du mouvement dans l’Affaire Dreyfus, honte du soutien qu’il apporta au maréchal Pétain dans la plus grande épreuve que subit la France à cause de l’incurie de la République. Une « Action française » dreyfusarde et gaulliste ? Ce paradoxe est devenu réalité après mai 68.

Dans l’Action française « revisitée », pour utiliser un terme à la mode, Pierre Boutang, qui quitta le mouvement, semble au moins aussi important que Charles Maurras, Jacques Bainville est présenté comme un professeur de Sciences-Po et Léon Daudet poussé vers la porte de service. Boutang, prestigieux professeur de philosophie, plus métaphysicien que politique, adopta une attitude ambigüe face au gaullisme, entre sympathie et rejet. On constatera aussi que dans les études postérieures à 1968, la Nouvelle Action française et tout ce qui en est sorti semble plus important que la Restauration nationale et Aspects de la France. On sent aussi une résignation à une monarchie constitutionnelle, une Ve République couronnée, rêve de certains bourgeois gaullistes dits « de droite ».

Pourquoi une nouvelle histoire de l’Action française ? On peut lire dans l’histoire du mouvement de François Huguenin les propos suivants qui laissent perplexe : « Incohérente politiquement, la position de Maurras est explicable psychologiquement. »[3] Et le livre, plein de faits et de références intéressants, est truffé de ces petites piques qui amènent à se demander si on ne perd pas son temps quand on s’occupe de l’Action française ! Alors, comme les histoires classiques du mouvement ne sont pas rééditées et semblent le plus souvent passées sous silence parce qu’elles n’entrent pas dans le moule universitaire, j’ai pensé que le moment était venu pour une nouvelle histoire libre du mouvement royaliste, libre des condamnations a priori, des réticences et des silences qui ouvrent les portes officielles de l’empyrée démocratique.

Je suis d’Action française, politiquement et intellectuellement. Je suis d’autant plus attaché à ce mouvement qu’il est dénigré par beaucoup de ceux qui s’en réclament et voudraient tout changer en gardant le nom. Il existe cependant des tendances, encore modestes mais sûres, qui permettent d’espérer un renouveau.

Certains voudraient sauver Maurras écrivain, poète et philosophe, le faire accepter en sacrifiant l’homme politique, mais, je l’ai montré dans plusieurs études, s’il a pu montrer l’opposition entre le politique et le poète chez Anatole France, un tel distinguo est impossible chez lui : « Notre nationalisme commença par être esthétique ».

Je propose un Précis d’Action française.

Il est possible, en prenant son temps, d’accumuler des fiches pour rédiger un ouvrage de mille pages ou plus dans lequel les détails étouffent les vues générales comme c’est le cas dans la biographie à l’américaine. J’ai voulu, au contraire, en écartant toute érudition, montrer l’essentiel, les grandes idées, les grands thèmes, la méthode et l’esprit de la méthode, exposer les grandes campagnes d’un mouvement politique qui n’eut qu’un but, l’intérêt de la France, guidé par des chefs qui furent des hommes comme on n’en rencontre pas dans chaque siècle de l’Histoire. Il s’agit cependant d’éviter l’hagiographie. J’aurais pu consacrer un chapitre aux faiblesses du mouvement ; d’autres se sont chargés de le faire, et avec un tel zèle qu’il est superflu que je vienne porter ma pierre à l’édifice du dénigrement.

Ceci est un livre d’espoir, le livre d’une histoire qui espère ouvrir sur un avenir, celui de la France.

Gérard Bedel, membre du Comité Directeur de l’Action Française

 

 

[1] Heine était juif. Ses poèmes les plus célèbres furent attribués à un poète inconnu.

[2] Charles Maurras, L’Avenir de l’intelligence et autres textes, Préface de Jean-Christophe Buisson, Edition établie et présentée par Martin Motte, Bouquins, Robert Laffont, 2018.

[3] Il s’agit de l’attitude de Maurras et de l’AF pendant la seconde guerre mondiale. Edition Perrin, collection Tempus, 2011.

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