Un bon antidémocrate se sert deux fois d’un scrutin : en votant, s’il pense pouvoir peser, en observant, toujours. Analysons donc vite la catastrophe banale du 24 avril.

Le candidat Macron a su capter des électorats antagonistes et fédérer toutes les peurs. Après un premier quinquennat occupé à abaisser sa fonction, bouleverser les domaines régaliens et détruire la souveraineté de la France, il s’est posé en incarnation de l’autorité et de l’ordre : c’est à la fois la marque de fabrique de l’inversion politique en marche et le moyen d’attirer à elle le parti de la tranquillité qui reste nombreux, surtout chez les gens âgés que le covid terrorise. Ceux pour qui l’argent est tout ont aussi voté pour lui, à Bordeaux, Lyon, Paris, Neuilly ou la côte d’Azur. L’immigration et l’Islam l’ont plébiscité. L’extrême gauche de Mélenchon, Arthaud, Poutou et Roussel aussi, que l’ombre du fascisme effaye toujours. Les écolos irréductibles aussi, par peur que le ciel ne tombe sur la terre, et que le racisme et l’homoetransphobie ne les offense. 

En somme, l’arc-en-ciel des peurs engendrées par la mythologie dominante s’est liée en faisceau pour interdire la route au mal : l’éventualité d’une défense, même légère et partielle, de l’identité, de l’histoire ou des mœurs de la France.

On notera que, dans une des dernières élections où leurs remplaçants n’étaient pas encore en mesure de décider du destin de notre pays, les Français en voie d’être remplacés les premier, les vieux, ont choisi le candidat propre à accélérer leur remplacement. Si les adultes en âge de travailler ont porté leurs voix ailleurs, les adolescents jusqu’à vingt-cinq ans et les retraités ont élu le nouveau président. Cet engouement infantile et sénile, opposé au dégoût de ceux qui affrontent le travail et la vie, traduit une fuite hors de la réalité de populations qui se réfugient dans une réalité parallèle – une irréalité. Irréalité médiatique pour des anciens gavés de télévision et de presse, irréalité virtuelle pour les jeunes plongés dans les jeux vidéo, irréalité pédagogique pour les produits d’une Éducation nationale wokisante et genrisante, irréalité du spectacle idéal qui leur a donné par le cinéma, la publicité et les séries montrant comme advenue déjà une société aux mœurs et aux populations remplacées. Ces images mentales convergentes forment un méta-univers, ou métavers, comme disent les habitués des jeux vidéo, qui présentent aux sens et à la réflexion de leurs adeptes toutes les apparences de la réalité. Les gens qui ont voté Macron vivent déjà dans le métavers arc-en-ciel.

On est arrivé au bout du projet démocratique. Il n’y a plus besoin de tricher. Le pays réel a été métamorphosé par le pays légal en pays virtuel transitoire, en attendant d’être physiquement transformé en province de l’empire arc-en-ciel. Il vote donc bien, obligatoirement, et d’éventuelles émeutes n’y changeront rien : Mélenchon au pouvoir mènerait la même politique quant aux mœurs, à l’identité et l’histoire de la France. 

En outre, contrairement à ce que certains craignent, le danger n’est nullement l’islamisation de la France, c’est le gouvernement par le chaos entretenu, chaos économique, social, ethnique, culturel, moral, religieux. L’état de droit, le progressisme, le vivre ensemble qui ne marche pas et qui a pour fonction de ne pas marcher.

Macron II devrait être une réussite totale.

Martin Peltier

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