Comme une déferlante démesurée et terrifiante « le communisme bolchevique et athée » s’est répandu à travers le monde, à partir de la Russie soviétique. Partout des hommes libres, chrétiens très souvent, ont rejoint des maquis anticommunistes, pour délivrer les peuples enchaînés.
 
Communisme — Wikipédia

Du Sud-Vietnam dans les années soixante-dix, à la Croatie dans les années quatre-vingt-dix, en passant par le Nicaragua, le Cambodge, l’Éthiopie etc…, il n’est pas un seul continent, où, à un moment ou à un autre, des hommes et des femmes ne se soient dressés –et se dressent toujours– contre le bolchevisme, dans toutes ses composantes et autres travestissements. Du nord de l’Europe (pensons à la courageuse Finlande), à l’extrême sud de l’Afrique, de l’est asiatique, à l’ouest du continent américain, des peuples ont refusé l’abomination marxiste-léniniste. Rappelons, à ce propos, que le concept d’anticommunisme est apparu très vite, au XIXe siècle : dès 1842. La Révolution d’Octobre, qui conduira à la naissance du premier régime communiste, va susciter la première grande résistance au bolchevisme avec les armées blanches qui, et c’est à méditer,  ont davantage  été vaincues par leurs querelles de personnes, que par les Rouges.

 

L’implication des chrétiens – catholiques, orthodoxes, protestants – dans ces résistances est une constante historique. Quand le pape Pie XI nous livre, en 1937, l’encyclique Divini Redeniptoris, il condamne sans équivoque « le communisme bolchevique et athée » (1), c’est une dimension spirituelle qui vient renforcer la résistance temporelle au Mal absolu. Que, plus tard, de mauvais clercs (en Afrique noire, en Algérie française et en métropole, en Amérique latine), aient pactisé  avec les communistes, n’a jamais empêché – je pense à l’héroïcité des Contras du Nicaragua – le référencement chrétien des maquis anticommunistes. Mais, pour des raisons géopolitiques évidentes, c’est en Europe de l’Est que, pendant plus de sept décennies, les résistances nationales seront les plus nombreuses et les plus sauvagement réprimées.

 

À défaut de pouvoir être exhaustif dans le cadre d’un seul article, citons quelques exemples emblématiques de ces combats, menés – et à quel prix – par des paysans, des écrivains, des étudiants, de simples citoyens. En Albanie, le Comité exécutif national albanais, créé en 1949 sous l’égide du roi Zog Ier, installera une guérilla de 250 hommes. Trahis par l’espion Kim Philby, tous seront capturés et exécutés.

En Arménie, on évoquera la mémoire de Dastramat Kanayan, alias général Dro, qui participa en qualité de chef suprême des armées, à la résistance contre les Rouges (1920-1921). Il fera ensuite partie du Conseil National arménien, créé en 1942. Il émigrera en 1951 aux États-Unis où il décédera en 1956. En 2000, sa dépouille a été transférée en Arménie et inhumée au mausolée de Bach-Aparan en présence du catholicos Mgr Karekin II.

Mais aussi, l’Azerbaïdjan, avec un Conseil national azéri créé lui aussi en 1942 ; la Biélorussie, avec la résistance – jusqu’au martyre – de l’Église orthodoxe autocéphale biélorusse ; la Bulgarie, avec le Front National bulgare fondé en 1947 ; la très catholique Croatie au sein de laquelle un Conseil National croate avait été créé en 1974 à Toronto (depuis, au prix d’une guerre, Zagreb s’est libérée du joug communiste), etc. Tous ces pays ont payé de lourds tributs au Moloch bolchevique, ce qui a été occulté en Occident, jusqu’en 1991.

 

Une mention spéciale pour les États baltes qui n’ont jamais accepté leurs envahisseurs. À l’honneur, en Estonie, la Ligue de la Jeunesse estonienne, fondée en 1956, formée d’étudiants et de lycéens (certains seront emprisonnés jusqu’en 1987 !). En Lituanie, la résistance sera animée par La Chronique, un samizdat de l’Église catholique (malgré une féroce répression, ce journal clandestin comptera 80 numéros) qui renforcera la création,  par des prêtres,  d’un Comité catholique pour la défense des droits des croyants. À l’honneur, en Lettonie, les Frères de la Forêt : ce mouvement de résistance à l’invasion soviétique tiendra le maquis jusqu’en 1957.

Il faut encore saluer la Finlande avec le Mouvement national patriotique de Lapua, la Géorgie toujours sous la menace russe, soit dit en passant, la Hongrie (son abandon fut la honte – une des hontes – de l’Occident), la Slovaquie  où le Comité de libération slovaque fut fondé en 1946, la Serbie, qui finira par être « yougoslavisée », la Slovénie avec l’Organisation des anticommunistes slovènes, la Tchéquie et son héroïque Légion tchèque, la Tchétchénie, qui avait fourni des combattants d’élite aux armées blanches et le paiera par des déportations et des massacres, l’Ukraine, qui continue de dézinguer les statues de Lénine, etc. (2).

En ce qui concerne la Roumanie, je voudrais évoquer la mémoire d’une héroïne de la résistance anticommuniste, Elisabeta Rizea (1912-2003). À partir de 1945, et pendant quatre années successives, cette modeste paysanne va apporter toute son aide (transport de vivres, de fonds, de messages) aux maquis anticommunistes (Haiducii Muscelului) du colonel Georges Arsenescu et des frères Toma et Petre Arnautolu. Arrêtée en 1949 par la Securitate, elle est battue et tor­turée, puis condamnée à sept ans de prison. En 1958, elle est libérée avec le statut d’ennemie du peuple. En 1961, elle est de nouveau appréhendée et condamnée à vingt-cinq ans de prison. Après la chute de Ceausescu, elle expliquera à la Radiodiffusion roumaine venue l’interviewer : « Je ne suis pas une femme politique, je suis une femme juste (…). Quand on me torturait, je faisais le signe de croix à l’aide de ma langue et je priais Dieu de me donner la force de ne rien lâcher ». Et aussi : – Je n’ai rien déclaré, ils n’ont pas réussi à me faire parler. Je me rappelle avoir juré, la main sur un Évangile et sur une croix qui se trouvait dans la chambre. J’ai pris la croix dans la main et j’ai juré sur la Bible (…). J’ai juré que je n’allais jamais trahir. J’ai tenu mon serment. Honneur, aussi, aux ultimes maquis de résistance anticommunistes au Sud-Vietnam (occupé par les communistes tonkinois) et au Laos. Au Sud-Vietnam, ils ne sont plus qu’une poignée (certains résistent depuis 1975 !). Au Laos, les Hmong, ethnie montagnarde rebelle, continuent de se battre avec les moyens du bord, ignorés par l’Occident, contre le gouvernement marxiste de Ventiane. 

 

 

On aura une pensée pour l’Afrique avec, notamment, le souvenir de la guérilla anticommuniste de la Renamo au Mozambique (jusqu’en 1992) et le baroud d’honneur de vétérans qui reprirent le maquis avec leur chef historique, Afonso Dhlakama en 2013 ; seulement équipés de quelques AK-47, ils ne purent jamais dépasser les lisières du massif dit Gorongoza (à plus de mille kilomètres de la capitale, Maputo).

Une anecdote significative qui remonte à l’époque où nous étions, Thibault de La Tocnaye et moi-même, avec un commando de Contras (les contre-révolutionnaires antisandinistes) sur les bords du Rio Coco, dans la jungle entre le Honduras et le Nicaragua, ces Contras, qui portaient autour du cou une croix façonnée dans une balle de M-16. Un soir, alors que nous profitions de la nuit pour nous cacher des hélicos soviétiques, un des combattants, un simple paysan, un campesino, m’a dit :
 
« Paraît qu’il y a aussi des communistes en France… Des gens qui haïssent notre foi. Alors, quand tu rentreras, tu diras à tes amis, à ceux qui nous soutiennent, que c’est aussi pour eux, pour leur liberté, que nous nous battons ». 
 

Pour terminer, un mot sur Ronald Reagan ou, plus exactement, sur ce qu’on a appelé la « doctrine Reagan ». Elle consista à fournir un appui officiel (ou officieux) aux mouvements de résistance et de guérillas anticommunistes, en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Il y eut quelques ratés (mais rien de comparable au fiasco cubain de Kennedy, à la Baie des Cochons). Il y eut surtout de grands succès.

 

Reagan et Jean-Paul II auront été les artisans majeurs du recul du communisme, même s’il bouge encore. Tout au long des années 1980, Michael Johns, défenseur de la doctrine Reagan au sein de la très anticommuniste Heritage Foundation, rencontra les combattants de la liberté en Angola, au Cambodge, au Nicaragua, etc. Avec des effets immédiats : soutien de l’Unita de Jonas Savimbi en Angola, soutien des Contras au Nicaragua, soutien aux opposants du Négus rouge Mengistu en Éthiopie. La « doctrine Reagan » marqua un véritable tournant dans la politique étrangère américaine d’après-guerre. On passait d’une politique de containment « endiguement » à une politique de roll back (refoulement) qui consiste à afficher une opposition ouverte à l’égard des gouvernements soutenus par les Soviétiques, en soutenant les mouvements de rébellion. Au Nicaragua, la pression armée des Contras provoqua la chute… électorale des sandino‑communistes en 1990. En Angola, après la bataille de Cuito Cuanavale, Cuba, allié du MPLA marxiste, abandonna le terrain (3). En 1997, Margaret Thatcher saluera en ces termes la « doctrine Reagan » : « Cette doctrine a suscité la fin de la trêve avec le communisme. L’Ouest ne regarderait plus, dès lors, aucune région du monde comme irrémédiablement destinée à renoncer à sa liberté pour la seule raison que les Soviétiques affirmeraient qu’elle fait partie de leur sphère d’influence. Nous allons mener une bataille idéologique contre le communisme et soutenir matériellement ceux qui se battent pour délivrer leur pays de la tyrannie. »

 

Il y a encore du pain sur la planche ? Oui. La Chine, la Corée du Nord, le Laos, le Vietnam, le Venezuela, Cuba, certaines « républiques » de l’ex-URSS, etc. Et pas grand monde, il est vrai, pour venir à l’aide de ces peuples aux liens.
 
 
Alain Sanders
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(1) Réitérant ainsi les condamnations contenues dans Quanta Cura (1864) et Quadrtigesimo Anno (1931). Rappelons que Pie XII, en 1949, a approuvé un décret du Saint-Office excommuniant les communistes (et les catholiques qui leur apporteraient leur concours).
(2) Dans plusieurs pays ex-communistes européens – Hongrie, Lituanie, Estonie, Lettonie – l’usage des symboles communistes est désormais puni par la loi.
(3) En 1991, le leader des Contras, Enrique Bermudez, fut assassiné par balles à Managua. En 2002, Jonas Savimbi tombera dans une embuscade mortelle dans l’est de l’Angola. Preuve que les communistes restent longtemps aux aguets…
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