La nomination de Pap Ndiaye a fait du bruit, satisfait la gauche et mécontenté la « droite ». Celle-ci en effet n’a pas compris le film et ne perçoit pas l’unité de la révolution dont Macron est un pion au même titre que Mélenchon. L’erreur est ici de croire qu’il y aurait une rupture entre Ndiaye et son prédécesseur Blanquer, opposition entre « l’ordre républicain » d’une part, « l’islamo-gauchisme » et le « wokisme » de l’autre.

Cette erreur découle d’une illusion verbale qu’entretiennent les trois termes utilisés entre guillemets, ordre républicain, islamo-gauchisme, wokisme. « Islamo-gauchisme » suggère qu’une gauche extrême utilise l’islam pour subvertir la société à des fins politiques. Cela arrive bien sûr, mais le terme est flou et insuffisant. Il ne décrit pas trois faits plus importants que celui qu’il dénonce : 1. L’action propre de l’islam. 2. l’action propre de l’immigration.3. Surtout, l’utilisation de l’islam à des fins subversives par d’autres. En se focalisant sur l’islamo-gauchisme on méconnaît l’islamo-centrisme et l’islamo-droitisme, qui sont tout aussi dangereux.

Le mot woke (d’où est tiré wokisme) est pire encore. D’abord utilisé par la gauche noire américaine, mobilisée, éveillée par Black lives Matter, on l’a étendu depuis sans discernement à toutes les revendications de communautés dites défavorisées, et à certaines récriminations en vogue, sur le climat par exemple. Cette extension absurde est doublement réductrice. 1. Elle méconnaît un fait capital : la droite, le centre, les grandes entreprises, les Etats, les institutions internationales et supranationales, les ONG ont à un degré ou à un autre la même morale politique et la même forma mentis que les woke. 2. Tout en tournant confusément autour d’une vérité (la convergence des subversions accompagnée de la porosité des bassins de militants subvertisseurs), elle n’ouvre pas assez le champ de l’observation : le pandémisme, l’exploitation de la mémoire, l’existentialisme sous toutes ses formes, spécisme compris, le transhumanisme, etc, entrent ensynergie pour produire ce qui a été précisément défini comme la Révolution arc-en-ciel. Le prétendu « wokisme » tel qu’il est dénoncé ne sert qu’à deux choses, imputer la subversion à la seule gauche au bénéfice du grand marais de la fausse droite, et fausser l’analyse de la révolution globale arc-en-ciel.

Quant à l’ordre républicain, c’est une contradiction dans les termes. La république a pu faire preuve de brutalité (pour les amateurs d’histoire, 1793,94, 95, 97, 1901-7, 34, 44,45, 47, 62, notamment), mais jamais d’ordre, étant née de la violence et du désordre d’une part, niant de l’autre sans cesse l’ordre naturel et culturel au nom de son idéologie. Aussi pratique-t-elle avec obstination, à travers ses lois sociétales et mémorielles, une politique de rupture et de mort,un « wokisme » d’Etat visant, selon le mot de Mitterrand, à « dépasser l’histoire » et selon celui de Sarkozy, à nous faire entrer dans le monde d’après « qu’on le veuille ou non ».

C’est pourquoi, malgré sa prétention à réparer un peu l’instruction publique en réapprenant aux gamins à lire et à compter, Blanquer n’a-t-il remis en cause aucune des subversions mises en route par ses prédécesseurs. Ndiaye les accentuera un peu plus explicitement, c’est tout : chocolat noir, chocolat blanc, c’est toujours la même confiserie arc-en-ciel qu’on nous vend. Il faut la rejeter absolument. Il n’y a pas de bonne république : celle du grand Carnot a pu faire illusion chez les naïfs, sa petite cousine maçonne et universelle ne mérite qu’un coup de balai.

Martin Peltier

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