Le «devoir de mémoire » n’est pas un monopole de nos adversaires, et les patriotes et nationalistes doivent se souvenir, et amener la collectivité nationale à se souvenir avec eux. C’est aussi, pour les chrétiens que nous sommes, l’occasion de prier Dieu d’accueillir ces morts qui nous sont chers.

La date du 6 février rappelle aux Parisiens l’anniversaire douloureux de la juste manifestation du 6 février 1934 et de sa sanglante répression.

En janvier 1934, alors que le gouvernement de la France était dirigé par le franc-maçon Chautemps, éclata une affaire criminelle qui mettait en évidence la collusion entre plusieurs politiciens, et un escroc de haut vol. Celui-ci, Alexandre Stavisky, était un aventurier cosmopolite qui savait échapper aux condamnations. Il  avait organisé une fraude au travers du Crédit municipal de Bayonne. Cet organisme financier attirait des souscripteurs par la promesse de revenus, lesquels provenaient en fait des apports de nouveaux entrants. Une telle manipulation n’était possible qu’avec le soutien intéressé de politiciens, de magistrats et de journaux, et il s’avéra notamment que Stavisky était lié avec des parlementaires radicaux et francs-maçons, et même un ministre en place !

Alors que le scandale battait son plein, Stavisky  fut retrouvé agonisant dans un chalet des Alpes, et il est probable qu’il « fut suicidé » (l’usage au passif de ce verbe, incorrection apparente au plan de la langue, n’est pas innocent !) Dans ce climat délétère, les manifestations de Parisiens exaspérés par la révélation de la corruption des politiques se succédaient depuis janvier, aux cris de « A bas les voleurs !». Elles atteignirent leur apogée le 6 février, alors que les participants étaient nombreux place de la Concorde et aux abords de la Chambre des Députés. Il y avait parmi eux des anciens combattants (encore jeunes à cette époque !), des membres de ligues patriotiques (Camelots du Roi, Jeunesses Patriotes, Solidarité française, Croix de Feu…), mais aussi de simples citoyens …Cependant, selon un mot célèbre, si la République ne sait pas gouverner, elle sait se défendre. Comme les protestataires tentaient de s’approcher de la Chambre, qui était alors le centre du pouvoir, le gouvernement n’hésita pas à faire tirer et il y eut entre 15 et 40  morts (selon que l’on tient compte des effets immédiats ou des suites) et plus de  2000 blessés parmi les manifestants.

Le récit officiel, tel que les médias menteurs le donnent généralement de nos jours, est tout différent :  les protestataires sont devenus des factieux, voire des fascistes, et le gouvernement complice des corrompus est devenu le rempart de la République et de la démocratie. En réalité, les accusations de complot contre le régime sont fallacieuses. Les états-majors des ligues ont incité à des manifestations de protestation, mais, faute d’entente entre eux et d’objectifs politiques précis, ils sont restés loin des affrontements ou même ont dissuadé leurs militants de tenter d’envahir la Chambre des Députés. Maurras, en particulier, n’a pas tenté de profiter de l’évènement . L’on discute d’ailleurs encore de nos jours sur la question de savoir si les chefs des mouvements nationalistes  ont ainsi agi avec une sage prudence, ou s’ils ont laissé perdre une occasion historique de mettre fin à un régime incapable et corrompu. Quoi qu’il en soit, les ligues n’ont pas voulu, ce jour-là, renverser la République. Cela a d’ailleurs provoqué par la suite une réaction activiste, le complot de la Cagoule.

Quelques mots encore sur l’escamotage qui a suivi le 6 février: au lendemain de l’émeute, le responsable de la répression sanglante, le gouvernement du radical Daladier, qui avait succédé à Chautemps, a dû laisser la place à un gouvernement d’union nationale, avec notamment la présence du très populaire Maréchal Pétain. Mais ce ne  fut qu’un tour de passe-passe : les parlementaires obtinrent ainsi le retour au calme et, quelques mois plus tard, se débarrassèrent de ce gouvernement qui leur avait été imposé. Nous avons connu quelque chose de semblable à notre époque, après la révolte des Gilets Jaunes, que des Black Blocks bien utiles  au gouvernement ont envoyé dans le décor… Oui, vraiment, la République sait toujours se défendre contre les insurrections du pays réel…

François MARCERON

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