Houellebecq : Cinquante nuances de grisâtre

Houellebecq : Cinquante nuances de grisâtre

Michel Houellebecq est un écrivain médiocre qui a peint en phrases médiocres des personnages médiocres caractéristiques d’une société médiocre, en particulier la misère sexuelle et intellectuelle, le tout médiocrement à temps, de sorte qu’il a passé pour précurseur aux yeux d’une foule d’inattentifs. C’est le reflet grisâtre des cinquante nuances de gris de notre décadence et c’est ce qui a fait son succès.
 
Il a publié huit romans depuis 1994. Le sixième, Soumission, paru en 2015, lui a valu le plus de ventes et de bruit. On lui reproche d’y avoir noté que l’importation de nombreux immigrés musulmans n’est pas sans incidence sur la France et peut provoquer des difficultés. Comme de juste, il a exploité cette veine, et c’est pourquoi il a donné récemment un entretien à Michel Onfray dans sa revue Front populaire, où il décrivait l’état d’esprit de certains Français agacés par les conquêtes de l’islam, qui pourrait les pousser à prendre les armes et commettre « des Bataclan à l’envers ».
 
Il faut comprendre que ce monsieur d’aspect falot muni d’une plume grise vit de scandales, de la lumière et des pétards des controverses parisiennes. Cela lui est servi sur un plateau, un rien suffit aujourd’hui à provoquer, être contre l’euthanasie ou le féminisme vous apparente déjà à Hitler. Cela n’en fait pas un grand rebelle. Au contraire, il s’agit là d’un démagogue madré, chevronné. Il a accepté d’être juré du prix littéraire de trente millions d’amis (très fort, ça), il a voté pour la liste Hidalgo dans le treizième arrondissement de Paris, moqué Hollande et Vals, admiré Trump, il ne croit pas « au vote idéologique mais au vote de classe (et fait) partie de la France qui vote Macron, parce (qu’il est) trop riche pour voter Le Pen ou Mélenchon », il est pro-israélien et favorable au Frexit. C’est pesé comme un gouvernement de la Quatrième.
 
Cet habile bateleur sait prendre les postures qui séduisent le lecteur bougon tout en ménageant les puissances qu’il faut ménager, mais quand il aborde un sujet sérieux, il se vautre dans le conformisme comme le goret dans sa soue. Un exemple ? « Les textes fondamentaux monothéistes ne prêchent ni la paix, ni l’amour, ni la tolérance. Dès le départ, ce sont des textes de haine ». On doit en déduire que l’Evangile n’est pas un texte fondamental du christianisme, donc que celui-ci n’est qu’une excroissance du judaïsme. Houellebecq épargne d’ailleurs celui-ci : « La Bible, au moins, c‘est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire, ce qui peut excuser beaucoup de choses ».
Et il va au bout de sa pensée : « Heureusement, (l’islam) est condamné. D’une part, parce que Dieu n’existe pas, et que même si on est con, on finit par s’en rendre compte. (…) D’autre part (il) est miné de l’intérieur par le capitalisme. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est qu’il triomphe rapidement. Le matérialisme est un moindre mal. Ses valeurs sont méprisables, mais quand même moins destructrices, moins cruelles que celles de l’islam. »
 
Nous avons maintenant en main les clefs pour comprendre la polémique qui l’a opposé au recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz. Celui-ci ayant porté plainte pour « provocation à la haine », le grand rabbin de France Haïm Korsia a réuni les deux hommes : l’un a retiré sa plainte, l’autre ses propos.
 
Notre confrère le Point l’en juge « sage ». Tout est bien qui finit bien dans la meilleure des républiques maçonnes possibles. Et le vrai rôle de l’islam, d’Houellebecq et de ses controverses apparaît : on enrôle la religion de Mahomet pour discréditer ceux qui croient en Dieu et se débarrasser du christianisme, puis on dissout l’islam dans le « capitalisme » pour produire la société du vivre-ensemble. On s’aperçoit ainsi que Houellebecq promeut et produit ce qu’il prétend critiquer, le tout sous les auspices des « autorités morales ». Pendant ce temps-là, on n’a pas du tout traité la question fondamentale de l’immigration. Cela vaut bien un fromage, sans doute.
 
                                                                                                                                                                                                                                        Martin Peltier
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