Transhumanisme : changer la nature de l’Homme par Jean-Pierre Dickès

Transhumanisme : changer la nature de l’Homme par Jean-Pierre Dickès

Lecture

Dépassant la nature humaine ils prétendent mener l’Homme à l’immortalité.

Le Dr Jean-Pierre Dickès réfléchit depuis plus de 20 ans aux questions relatives au transhumanisme. Il inaugure aujourd’hui le premier d’une série d’articles consacrés à cette thématique. La destruction des nations passe par la dé-civilisation et par la volonté de changer l’Homme.

 

Episode 1
Transhumanisme : changer la nature de l’Homme

Le transhumanisme paraissait il y a une quinzaine d’années comme une forme d’exaltation de la science dopée par l’émergence des progrès en micro-informatique. Il semblait ouvrir une porte sur un univers nouveau et fabuleux assez bien concrétisé par les smartphones qui permettaient de rester en contact avec sa famille, ses amis de l’autre bout du monde, et faire face à toutes les demandes et situations; il se disait aussi que chacun pouvait avoir accès immédiatement à une connaissance universelle: on trouvait tout sur Google en matière d’information et de besoins commerciaux. Un saut qualitatif s’était produit sur le plan mondial.
Peu de gens se souciaient des conséquences qu’un tel progrès pouvait avoir sur l’Homme lui-même. La science s’emballait; mais dans quel sens ?
Pourtant la réponse était sous notre nez dans le mot lui-même. Quand nous parlons de transport, nous désignons le changement de port, de destination. Le transgenre est celui qui change de sexe. Le transhumanisme vise tout simplement à nous changer d’humanité: il s’agit bien de créer un homme nouveau dont les contours restent encore flous.
Il y a douze ans, j’écrivais avec ma fille un ouvrage intitulé L’Homme Artificiel. La couverture représentait un couloir impersonnel. Au premier plan entre deux plaques de béton émergeait une fleur. Au fond du couloir une forme menaçante pouvant être un humain, un robot, ou plus vraisemblablement un hybride mélange d’organisme humain et de machine. Son ombre se dirigeait vers la fleur.
Dans quel but ? Il y avait là une sorte de défi. La fleur représentait la nature, l’ordre naturel. L’être inquiétant qui s’approchait semblait vouloir la détruire: il ne resterait plus alors qu’un univers morne, sans âme et sans espoir. Le peintre ami qui avait réalisé cette œuvre picturale il y a 20 ans avait été un visionnaire.
Le symbole est très fort. L’Homme mécanisé allait détruire l’œuvre de Dieu en transformant les créatures et en créant un monde nouveau. Cette créature pouvait tout-à-fait être un homme-robot, une sorte de cyborg ; mais aussi un robot dans lequel une intelligence humaine serait introduite. Homme-robot ou robot-Homme ? Le cinéma dans Metropolis de Fritz Lang (1927) est la première œuvre de science-fiction. De même le modèle type de Frankenstein avec Boris Karloff est de 1935: le roman de Mary Shelley dont il est issu est de 1818. Le titre exact en est Frankenstein ou le Prométhée moderne. Le Professeur Henry Frankenstein est un savant qui se prend pour Dieu et veut créer un homme. Prométhée est un démiurge qui en volant le feu des Dieux, atteindra leur puissance.
Nous sommes exactement dans cette perspective avec le transhumanisme. C’est le God syndrome: des scientifiques se prennent pour Dieu en voulant changer la nature humaine. Nous sommes alors sur le plan de l’idéologie qui fait fi des réalités liées à la nature. Nous connaissons les ravages causés par les idéologies. La révolution dite française, le marxisme, le nazisme, le système de Pol Pot sont des idéologies destructrices des sociétés: elles se terminent dans le sang et dans l’horreur. Toutes prétendaient créer un homme nouveau. Or le transhumanisme né dans la Silicone Valley se veut messianique. Dépassant la nature humaine il prétend mener l’Homme à l’immortalité.
Le mot de « transhumanisme » aurait été inventé par l’occultiste Julian Huxley, frère d’Aldous Huxley, auteur du fameux ouvrage Le meilleur des Mondes. Le courant intellectuel se revendiquant de cette idéologie, a pris corps en récupérant ce mot vers 1980. Le transhumanisme s’est développé dans la Silicone Valley. Et beaucoup de chercheurs s’y réfèrent. Le plus représentatif d’entre eux est sans doute Raymond Kurzweil qui dirige actuellement le comité scientifique de Google. Cette entreprise est le holding le plus grand et le plus puissant au monde ; il a racheté la quasi-totalité des entreprises de robotique et une partie importante de la micro-informatique. Tout cela va être rassemblé sous le vocable bien anodin de Alphabet.
Mais dans l’idée de ses promoteurs, il en est bien différemment. Le verbe anglais to bet signifie parier. Google nous fait le pari qu’il sera l’alpha, le début d’une nouvelle humanité qui émergera vers 2029…(à suivre).

Jean-Pierre Dickès

couverture_transhumanisme
Broché: 304 pages
Editeur : Editions de Paris (1 avril 2006)

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Transhumanisme : changer la nature de l’Homme par Jean-Pierre Dickès

Transhumanisme : changer la nature de l’Homme

Par Jean-Pierre Dickès

Dépassant la nature humaine ils prétendent mener l’Homme à l’immortalité.

Le Dr Jean-Pierre Dickès réfléchit depuis plus de 20 ans aux questions relatives au transhumanisme. Il inaugure aujourd’hui le premier d’une série d’articles consacrés à cette thématique. La destruction des nations passe par la dé-civilisation et par la volonté de changer l’Homme.

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Le transhumanisme est une nouvelle spiritualité

transhumanisme

 

Le mot « religion » vient du latin religere qui signifie « relier ». Pour les chrétiens c’est ce qui nous relie au Ciel, à la transcendance. Quoi de plus normal que face à l’Univers, tout homme sensé se demande d’où vient notre univers, notre monde, et nous-mêmes. Or les transhumanistes ne se posent pas de questions de cette nature. Ils sont des disciples de Kant qui ne voient le monde qu’au travers des idées qu’ils s’en font ; une forme d’idéalisme absolu qui place l’homme à la place de Dieu ; puis la machine à la place de l’homme. On retrouve aussi cela au sein de la pensée marxiste.

C’est aussi l’Homo Deus, un ouvrage de Yuval Noah Hariri sous-titré Une brève histoire de l’Avenir. L’auteur présume que nous en sommes arrivés au dernier stade de l’Homo Sapiens et qu’il faut trouver une nouvelle forme de spiritualité. Il fait de l’intelligence artificielle et des algorithmes un nouveau dieu. Mais celle-ci sera aux mains d’une toute petite minorité qui dirigera à coup de modifications toute l’espèce humaine transformée en moutons dociles.

Se retrouvent là toutes les fictions de l’homme génétique de Marx et du surhomme de Nietzsche.

En réalité tout est fait actuellement dans cette perspective ; ainsi s’explique l’asservissement des esprits par les médias, les écrans, la chute de l’instruction et de l’éducation ; mais aussi l’inversion du « projet Flynn » qui constate une diminution du quotient intellectuel des pays occidentaux ; ainsi que la disparition de la famille, de nos provinces et des nations, l’effondrement culturel et cultuel de notre patrie.

Le but est que les hommes ne pensent plus, captivés par la société de consommation ; ils seront transformés en robots dépendants, voire programmés sur des ordinateurs. Stephan Hawking considéré comme le plus grand scientifique de son temps, peu de temps avant sa mort nous a laissé ce message : « Quand le cerveau humain sera mis sur disque dur, ce sera le plus grand événement de l’histoire, mais je crois que ce sera le dernier ».

Ray Kurzweil, le « pape » du transhumanisme voit ce changement de société dans 12 ans par la Singularité, moment de l’histoire lors duquel les machines dépasseront l’intelligence humaine et sonneront le glas de toutes les civilisations. D’où le titre de mon dernier ouvrage  La fin de l’espèce humaine (ed. Chiré). Lévi-Strauss, le célèbre anthropologue et ethnologue français écrivait « Le monde est né sans l’homme et il a tous les risques de terminer sans lui ». Nous ne sommes pas dans la galéjade…

Toutes ces considérations peuvent sembler ennuyeuses et voilà qui est moins intéressant que The game of Thrones. Mais il nous faut choisir de réfléchir avant de nous voir « chosifiés ». Après cela sera trop tard.

Dans le mot de « révolution » se situe le mot de « évolution ». Or rappelons-nous que les transhumanistes prétendent faire aboutir l’évolution darwinienne. Celle-ci s’étant effectuée seule au fil de milliards d’années : à l’homme de la prendre en main désormais pour la mener à son terme par la dictature numérique. C’est là où la politique doit pouvoir intervenir. Malheureusement peu de politiciens réfléchissent sur ces questions, songeant surtout à garder leurs prérogatives.

Il est évident qu’un militant royaliste doit avant tout défendre l’ordre naturel ; la physique politique de Bainville n’embrasse plus seulement la défense de la nation et de la patrie ; mais aussi celle de toute la civilisation. (À suivre).

Dr. Jean-Pierre Dickès

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