Leur Europe, nos identités (II), par Bruno Gollnisch

Leur Europe, nos identités (II), par Bruno Gollnisch

  II- LES RÉSISTANCES

Si l’Union européenne tend à une évolution désastreuse en “super-État” Euro-mondialiste, ce totalitarisme naissant rencontre heureusement des résistances.

 

Mépris du peuple

Mais celles-ci, alors même qu’elles ont le droit pour elles, sont systématiquement occultées, contournées, méprisées. Ainsi par exemple, le 29 mai 2005, par 15 millions et demi de suffrages, le peuple de France, à une large majorité, et contre 90% de la classe parlementaire, disait non à la Constitution européenne, non au Super-Etat Eurocratique sur lequel les peuples n’auraient aucun contrôle, non aux forces obscures et aux intérêts financiers du mondialisme, qui ruinent nos économies, nos emplois et notre pouvoir d’achat…

 

Tour de passe-passe

Pourtant, par un incroyable camouflage masquant la trahison de ses dirigeants politiques, le même peuple s’est vu cyniquement imposer le même texte. Dès le rejet de la Constitution par les peuples français et hollandais, la chancelière allemande Angela Merkel déclarait à ses partenaires européens, pour faire “avaler” aux peuples un nouveau traité : “Let us keep the substance, and change the wording”, « Gardons la substance et changeons les mots ». Tous les dirigeants européen qui ont encore un reste d’honnêteté intellectuelle l’ont reconnu, par franchise, ou par cynisme : l’ancien Président du Conseil italien Giorgio d’Amato, le ministre des Affaires étrangères néerlandais Karel de Gucht , l’ex-Premier Ministre luxembourgeois Junker, plus tard président de la Commission européenne,  et même Valéry Giscard d’Estaing, le père de la Constitution européenne de 2005 rejetée par le peuple : le traité de Lisbonne n’est ni “mini”, ni “simplifié”. C’est la Constitution européenne bis ! Imposer sous une autre forme aux Français exactement le texte même qu’ils ont rejeté, c’est un véritable coup de force contre le peuple, dans une indifférence que nous sommes les seuls à briser !

 

Super-Etat

Ce Super-État européen a mis en place ses institutions : un Président non élu qui n’a de comptes à rendre à personne ; la Commission de Bruxelles, véritable gouvernement eurocratique mais où tous les pays ne seront plus représentés ; un “Haut Représentant” : quasi-Ministre des Affaires Étrangères et de la défense, inféodé par le traité même à l’OTAN donc aux États-Unis, et qui pourrait nous entraîner dans des guerres qui ne sont pas les nôtres : hier contre l’Irak ou la Serbie, demain contre l’Iran ou ailleurs…

Des décisions prises à la majorité dans presque tous les domaines (économie, social, immigration…), sans plus aucune garantie pour nos intérêts vitaux.

La France (comme d’ailleurs les autres nations) tend à n’être plus qu’une collectivité locale asservie, morcelée, écartelée en Euro-Régions ou en Euro-Länder, que préfigurait déjà le découpage de son territoire depuis les élections européennes de 2004. L’Eurocratie se verrait bien en effet comme unique interlocuteur de 200 Euro-régions en position de quémandeurs de subventions, donc plus dociles que des États-nations, qui peuvent lui résister, comme le Danemark résista à Maastricht, l’Irlande au traité de Lisbonne, ou comme l’Angleterre favorable au Brexit.

 

Mondialisme économique

Sur le plan économique, l’euro-mondialisme est toujours destructeur : un libre-échange international sans protection, facteur de concurrence déloyale, de fermetures ou de délocalisations d’entreprises. Une prétendue “libéralisation” des services, qui tirera des millions de salaires vers le bas… Une Banque centrale européenne qui commande nos finances, donc notre économie, donc notre politique sociale, depuis Francfort sans contrôle, ni de la part des autorités des États-membres, ni même, ce qui est proprement stupéfiant, de la part des institutions politiques européennes.

 

Espace indéterminé

En outre, dans cette Europe sans frontières et sans identité, Bruxelles tend à décider des autorisations d’entrée dans toute l’Union Européenne, donc en France. À terme, toutes les politiques de visas, immigration, asile, nous échapperont. Une fois admis dans un pays, tous les étrangers non européens acquièrent le droit de s’installer librement dans les autres : en toute légalité, des centaines de milliers de clandestins régularisés par un autre État pourront venir vivre chez nous, sans qu’on nous demande notre avis. On refuse de définir les frontières de l’Europe, et les conditions d’adhésion presque exclusivement idéologiques et administratives sont tellement larges que demain, l’Ouzbékistan ou l’Algérie pourraient en devenir membres. Le préambule du Traité refuse de reconnaître les racines chrétiennes de l’Europe pour mieux intégrer la Turquie. Si elle rejoignait l’U.E.,  elle en serait la nation la plus puissante et l’on continue à négocier son adhésion, quoi que prétendent aujourd’hui de nombreux européistes, et même si les derniers évènements et la situation géopolitique dans la région, la rendent beaucoup plus difficile à imposer… 

 

Traité illégitime

Sous le quinquennat Sarkozy, pour faire passer un texte aussi contraire au véritable génie de l’Europe, aucun gouvernement, sauf en Irlande, n’avait voulu de référendum, parce que, comme le déclarait alors  Nicolas Sarkozy devant la conférence des Présidents de Groupe du Parlement Européen, dont j’étais, ils savaient que les peuples diraient “non”. Mais en France, ce que le peuple a fait, seul le peuple peut le défaire ! C’est pourquoi les Nationaux dénient à ce texte toute légitimité ; ils ne doivent pas plus s’y résigner que leurs pères n’ont accepté le honteux traité de Troyes qui livrait la France à l’étranger, pas plus que les États-Généraux n’ont reconnu le traité de Madrid par lequel le roi prisonnier François 1er abandonnait la Bourgogne à Charles Quint, pas plus que les Alsaciens et Lorrains de Moselle n’ont accepté le traité de Francfort qui en 1871 les abandonnait à l’Allemagne…

 

Propagande

On prétend que la défense des identités nationales conduit à la résurgence des nationalismes et des conflits. Propagande… Ce qui menace aujourd’hui  le plus sûrement la  paix et la prospérité d’une Europe  sans frontières, c’est l’arrivée ces derniers temps, par la folle volonté de Mme Merkel et des instances bruxelloises, d’un torrent migratoire qui n’en est sans doute qu’à ses débuts, au prétexte d’accueillir les réfugiés syriens. Syriens noyés dans la masse, autrement plus importante,  des “réfugiés économiques” et autres “migrants” en provenance d’Afrique noire, du Maghreb, d’Asie centrale… Ce tsunami aggrave encore les lourds problèmes générés par une immigration non-européenne déjà trop importante dans de nombreux pays de  l’Union Européenne. Il alimentera mécaniquement les réseaux fondamentalistes et les risques de terrorisme.

 

Les vraies menaces

Notre nationalisme est pacifique, et non conquérant. Les partisans de l’Eurocratie nous reprochent d’agiter des peurs injustifiées. Mais ce sont eux qui manipulent, en faisant croire qu’il n’y a d’autre alternative que leur système ou le retour aux conflits passés. « Si vous êtes contre la Constitution, c’est que vous voulez refaire la guerre à l’Allemagne » nous a-t-on, en substance, seriné presque dans ces termes. Pourtant, la nette victoire du NON en 2005 et celle du Brexit en 2016 n’ont été, ni la fin du monde, ni même la résurgence des antagonismes heureusement disparus. Ce n’est d’ailleurs pas l’indépendance nationale qui a provoqué ces guerres civiles européennes que furent les conflits mondiaux ; ce sont au contraire les menaces contre l’indépendance nationale. Menaces que nos voisins n’exercent plus.

Dans de telles conditions, face à un tel mépris de la volonté populaire, peut-on envisager une complète révision de ce système, ou faut-il y renoncer et tenter d’en sortir ? Réponse dans un prochain volet. 

Bruno Gollnisch

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Leur Europe, nos identités (II), par Bruno Gollnisch

Leur Europe, nos identités

 

 

I – Le contast, volet 1

Notre identité nationale, et notre souveraineté, qui est à une nation ce que la liberté est à une personne, sont attaquées.

Physiquement d’abord, par l’effet conjugué de la dénatalité, d’une immigration massive et incontrôlée et de la prégnance chez les “élites” en France, comme au Parlement européen, de la “culture de mort”, ainsi que le démontre aujourd’hui la loi dite de “bioéthique”.

Moralement ensuite, par la guerre psychologique visant, par des repentances à répétition à désarmer notre peuple, et spécialement les plus jeunes, en leur inculquant un sentiment de dégoût de leur nation et de culpabilité collective, comme “l’affaire” Adama Traoré l’a montré.

Sur le plan institutionnel, c’est la dissolution de l’État français dans l’Union Européenne. Une Union discréditée, mais que le récent “plan de relance” vise désespérément à renforcer. Car il n’y a d’autre raison qu’idéologique à ce marché de dupes, dans lequel la France versera beaucoup plus qu’elle ne recevra, et ne sera même pas libre de l’usage de sa portion congrue !

 Contre l’Europe ?

Il est fait grief aux Nationaux d’être « contre l’Europe ». À tort : il serait aussi stupide pour les patriotes d’un pays d’Europe d’être « contre l’Europe » qu’il le serait pour des Africains d’être « contre l’Afrique », ou pour des Asiatiques d’être « contre l’Asie », etc. Nous ne sommes pas contre l’Europe, puisque nous vivons en Europe. Nous reconnaissons aussi un patrimoine commun aux peuples d’Europe, même s’ils sont très divers. Et comme le voisinage impose des relations, nous préférons naturellement que celles-ci soient pacifiques et fructueuses, plutôt qu’agressives ou stériles. Les nationaux ne sont donc ni « contre l’Europe » en tant que réalité géographique, humaine et culturelle, ni même contre toute forme de coopération européenne.

Super-Etat Eurocratique

Mais nous sommes résolument contre l’escroquerie qui consiste, sous couvert de cette coopération, à instaurer un Super-Etat destructeur de nos identités particulières, de nos  souverainetés, de nos libertés. Et cela sans même édifier un  ensemble véritablement européen, mais un espace euro-mondialiste  ouvert à tous les vents.

Car cet espace est ouvert à tous les flux de personnes, et même à l’avant-garde d’une colonisation de peuplement venue  d’autres continents, d’autres ethnies, d’autres cultures. Il est ouvert à toutes les marchandises, même fabriquées à vil prix, en Asie, en Afrique ou ailleurs, par les nouveaux esclaves des temps modernes : ouvriers surexploités ne disposant d’aucun droit social ou syndical. Il est ouvert à tous les capitaux, même si ce sont  des instruments de domination et de contrôle de ce qu’il nous reste d’industrie par des puissances étrangères, ou des fortunes anonymes et vagabondes.

L’indépendance en héritage

Ce que nous combattons donc, ce sont les évolutions actuelles de l’Union européenne. Et ce refus du Super-État Eurocratique ne fait pas de nous des anti-européens. Au contraire ! Nous nous inscrivons dans la vraie tradition européenne. Géographiquement, l’Europe n’est qu’une petite péninsule à l’extrémité de l’immense continent asiatique. Mais politiquement, c’est elle qui a inventé la liberté et l’égalité des nations. Modèle unique sans équivalent ailleurs : ni le modèle chinois traditionnel, avec ses cercles concentriques de subordination à l’empereur « fils du Ciel », ni le modèle islamique du Khalifat, confondant pouvoir religieux et politique, ni le modèle marxiste de domination de la « patrie des travailleurs » sur ses  satellites n’en offrent d’exemples.

Ce modèle européen de nations libres, égales, souveraines et donc indépendantes, se gouvernant sans ingérence extérieure, puise ses plus anciennes racines dans les Cités grecques, distinguant dans leur ligues et amphictionies l’hegemon du despotès, pratiquant entre elles l’arbitrage ; il est le fruit de l’émergence des États dotés de la summa potestas chère au grand juriste et philosophe français du seizième siècle Jean Bodin ; il repose sur les principes juridiques du droit des gens européen (le droit international), et sur le principe politique du justum potentiae equilibrium : le “juste équilibre des puissances”.

Or, ce droit international est en constant recul. L’arrogance des forces mondialistes, la substitution de la sensiblerie à la raison, la manipulation des opinions, tout y concourt.

Les effets de cette décomposition sont terrifiants. L’abandon de notre souveraineté a pour effet la soumission de notre droit, même le plus élevé (la constitution, les lois), à la réglementation bruxelloise, même la plus subalterne. Cela va très au-delà de ce que prévoyait l’article 55 de la constitution, qui ne subordonne les lois françaises qu’aux traités, et encore, sous réserve de leur application par nos partenaires, clause de réciprocité jamais invoquée !

Strasbourg menacé

Un symbole éclatant de ces abus, parmi d’autres, est la question du siège du Parlement européen : depuis des années, les Eurocrates et leurs alliés veulent transférer ce qui reste des activités de Strasbourg à Bruxelles, où siègent déjà la Commission et le Conseil. Ceci dans le but de faire de Bruxelles le “district fédéral” du nouvel Empire. Mes collègues députés européens français, flamands, allemands de la Coordination des droites européennes étaient, eux, unanimes dans leurs défenses du siège de Strasbourg. Nous avons, avant tous autres, tiré la sonnette d’alarme. Or, sous prétexte de réunion du Bureau du Parlement « étendu à tous les députés », concept absurde et illégal créé pour la circonstance, le Président socialiste Baron Crespo a réussi à imposer des réunions plénières à Bruxelles. On y a construit parallèlement, sur fonds privés, en totale illégalité, un hémicycle qui fut, sitôt achevé, loué à prix d’or au Parlement, dans les dernières heures du mandat de ce Président !

Au delà des clivages partisans, les responsables politiques français auraient dû s’opposer à ces violations des traités et du règlement. À commencer par l’ancienne mairesse socialiste de Strasbourg, Mme Trautmann, alors euro-député. Ils auraient dû mobiliser contre ces manœuvres tous ceux qui, comme nous, étaient prêts à les épauler. Par faiblesse, aveuglement, complicité ou sectarisme, ils n’ont rien fait. Les votes contre Strasbourg s’additionnent au Parlement européen, et, si celui-ci (et non les États-membres) était maître du choix de son siège, Strasbourg serait balayé en un quart d’heure. Je n’exagère rien.

Boulimie totalitaire

Cette affaire résume, soit l’incurie, soit la soumission , des élites politiques, notamment françaises. Mais il y a beaucoup plus grave. Je recommandais en 2005 de visionner sur YouTube le message de l’ancien dissident russe Boukovski, qui  allait jusqu’à parler d’Union Soviétique Européenne. Il concluait sans équivoque : « J’ai vécu votre futur, et ça n’a pas marché ».

Ce dont parlait Boussovski, c’est un ensemble dont les dirigeants ne peuvent être ni choisis, ni révoqués par les peuples, ni même connus d’eux. Des dirigeants qui cependant tendent à régir tous les domaines de la vie politique, économique, sociale, et jusqu’aux aspects les plus intimes de la vie de plus de quatre cents millions d’européens. Car ce « Super-État », qui n’est plus, ni confédéral ni fédéral, agit désormais comme un État centralisé.

L’Eurocratie légifère sur tout. Sur la largeur des béquilles des cyclomoteurs ; sur le point de savoir si le corbeau freu, la pie grièche, le choucas des clochers, doivent ou non être protégés, par une réglementation unique, applicable de l’Algarve à la Laponie et de Brest à Nicosie (Directive “Oiseaux”) ; sur le changement de prénom des transsexuels ; sur la teneur en graisse du chocolat, etc. En quatre jours de session à Strasbourg : plus de textes qu’en six mois à l’Assemblée Nationale française.

Bruno Gollnisch

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