Troisième et dernier volet consacré à l’actualité de l’Education en France par notre ami Thierry Aillet, ancien chef d’établissement et Directeur Diocésain de l’Enseignement Catholique.

Ce n’étaient pas des motifs religieux qui étaient brandis en ces temps où « la France bien élevée » s’élevait contre le mariage homosexuel : c’étaient et cela demeure, des raisons philosophiques, sociologiques et anthropologiques, relevant de ce qu’on appelait naguère le droit naturel. En l’espèce, il ne peut donc être répliqué aux catholiques comme aux juifs ou aux musulmans « qu’aucune religion n’a le droit d’imposer ses vues dans le débat public », car ce n’est pas le sujet. Remarquez, il s’est déjà vu par le passé dans les heures sombres de l’Histoire que le fait de croire en Dieu, ôte le droit de s’exprimer en tant que citoyen. C’était pendant la Terreur, et sous les régimes totalitaires qu’elle mit bas :  les idéologies nazie et communiste (purs produits de 1793). Si on en est là, il faut le dire…Le ministre de la déséducation nationale Peillon, a quand même pu en toute impunité, inviter au meurtre des catholiques. Rappelons-nous l’une de ses multiples phrases assassines :  «  Tant qu’il y aura des catholiques, la France ne pourra pas être un pays libre ». Soit dit en passant, il faut remonter au 3ème Reich allemand pour entendre un ministre tenir un tel propos. A l’époque, il s’agissait de Goebbels et c’était dirigé, certes, non pas contre les catholiques mais contre les juifs.
 
« Aujourd’hui, l’Etat parvient à s’immiscer dans toutes les manifestations de notre vie. Du berceau, (voire des entrailles maternelles) à la tombe, il nous étrangle dans ses fers, Tantôt comme Etat jacobin, central, tantôt comme Etat-Région, tantôt comme Etat-province ou canton, tantôt comme Etat-commune, (tantôt comme Etat-Ecole) il nous poursuit à chaque pas, il apparaît à chaque coin de rue, il nous impose, nous tient, nous harcèle. Il légifère sur toutes nos actions. Il accumule des montagnes de lois… » (Kropotkine), interdisant même le libre-arbitre que caractérise la clause d’objection de conscience. N’avons-nous pas entendu certaine égérie de l’extrême gauche française imaginer que l’Etat puisse s’immiscer jusque sous les draps du « citoyen » pour protéger « la citoyenne » contre ce salopard de violeur en puissance qu’est l’homme blanc ? N’entendons-nous pas quotidiennement, les incantations de ministres en doudoune ou col roulé, s’occupant de régler notre chauffage à 19°, nous faire coucher avec les poules, instaurer un nouveau couvre-feu (nous sommes « en guerre ») décorer les balcons, les fenêtres, du linge qu’on y devra tendre comme dans les quartiers hlmisés, supprimer l’éclairages public, ce qui fera un peu plus les affaires de la racaille, et finissant par dire que le bon citoyen doit dénoncer son salopard de voisin qui n’a pas éteint sa lumière à 21h.
« Car Il serait plus facile à l’homme de s’habituer à marcher sur ses quatre pattes que de se débarrasser du sentiment moral. Le sens moral est en nous une faculté naturelle, tout comme le sens de l’odorat et le sens du toucher » écrivait encore Kropotkine. Il s’agit d’une morale naturelle évidemment, pas d’une construction sociale, artificielle comme le prétendent les chantres de la théorie des genres et de la modélisation catastrophique du transgenrisme et leurs thuriféraires, qui nous gouvernent. Car il est bien vrai que la suppression des catégories morales est toujours inique, même si nos contemporains proclament de façon audacieuse le contraire.
 
La morale chrétienne procède avant tout d’une révolte morale – devant l’injustice, l’oppression, le mensonge, la tyrannie, la corruption, la violence : « tu ne tueras pas, tu honoreras ton père et ta mère, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne désireras pas injustement le bien des autres …» c’est un état de l’Esprit contre l’esprit de l’Etat.
 
Ce ne sont ni Saint-Just ni Daniel Cohn-Bendit, ni Macron, ni le nouveau ministre de la « déséducation » nationale Pap Ndiaye, héritier des Combes, Buisson, Peillon, Belkacem, Blanquer, qui s’expriment mais Saint Thomas d’Aquin que le Pape Léon XIII reprenait dans libertas praestantisimum « dès que le droit de commanderfait défaut, ou que le commandement est contraire à la raison, à la loi éternelle, à l’autoritéde Dieu, alors il est légitime de désobéir, afin d’obéir à Dieu ».
L’Espérance du XXI ème siècle, c’est la générosité de ceux qui s’attachent avec compétence, pugnacité, ferveur, abnégation et persévérance, à faire croître la personne dans le respect de la dignité, de  « l’utérus au sépulcre ». La nature ne pourra que rappeler le fruit du plan divin : qu’on le veuille ou non, pour que naisse un enfant, il faut un homme et une femme qui, par leur union, deviennent père et mère ; jamais aucune loi ne changera cette irrémédiable réalité.
 
Disons cela très concrètement, pour un établissement catholique : plus un tel établissement se réclamera du Christ, plus il aura à rendre compte de sa manière de traiter les élèves difficiles, plus il aura à rendre compte de ce que les professeurs et l’ensemble de la communauté éducative enseignent au-delà du contenu de leur discipline, par leur manière d’être et de vivre. Un établissement dont les critères seraient l’équilibre financier ou les résultats scolaires, peut justifier ses décisions de manière relativement facile, face à toute réclamation. Mais qui prétend vivre de la charité du Christ répandue dans nos cœurs par l’Esprit-Saint, qui prétend voir en tout élève une créature spirituelle appelée à devenir fils ou fille de Dieu, se soumet à bien d’autres évaluations. L’actualité nous montre que dans l’enseignement catholique aujourd’hui, plus encore qu’hier, certaines personnes ou certains établissements s’y refusent ou s’y dérobent. Hélas, beaucoup d’établissements se sont soumis à la subversion non déguisée de ce ministère déconstructiviste à l’idéologie derridienne, qualifiée de postmoderne. Ce monde qualifié de post-moderne, se caractérise par la primauté de la volonté et cela explique pourquoi le libéralisme en est devenu l’idéologie consubstantielle. Je m’explique : la vérité s’adresse à l’intelligence, la liberté à la volonté. Or, la volonté n’est droite que si elle est éclairée par l’intelligence (elle-même formée) : l’intelligence est première, la volonté suit. C’est pourquoi la vérité prime sur la liberté en ce sens qu’elle est antérieure. Le Christ a résumé cela lorsqu’il nous a dit : « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32), et non pas « la liberté vous donnera la vérité » – même si la vérité doit pouvoir être atteinte en toute liberté, sans contrainte oppressive et + injuste, notamment de l’État (d’où le progrès réalisé avec la reconnaissance de la liberté religieuse).
Or, le drame moderne est d’avoir inversé les pôles et d’avoir fait de la liberté la seule fin de l’homme et de la société, indépendamment de toute vérité réputée inaccessible ou subjective, donc sans valeur commune pour tous. La postmodernité est le passage, dans le cadre d’une société sans Dieu, de la suprématie de la raison (l’intelligence encore capable de capter des éléments de vérité) sur la volonté (liberté de faire tout ce que l’on veut, tout ce que l’on estime bon pour soi), c’est-à-dire de la liberté déconnectée de toute vérité et donc de tout bien.
Nous ne mesurons pas bien, me semble-t-il, à quel point une société qui se contente de gérer ses acquis, qui se laisse raconter par la télévision, la presse people, les vendeurs de chimères (Soros et les GAFA) qui n’a plus de mémoire, plus de mythes fondateurs, plus d’utopies, plus de projets à long terme,  plus d’éducation au courage à l’engagement et à la fidélité, plus d’éducation au respect de la dignité de la personne, au respect du corps, à la célébration de la féminité complémentaire  de la masculinité, au respect de la vie, au respect de la terre et de la famille,… court vers sa  perte, vers son éclatement et vers un phénomène de tribalisation..
Voilà pourquoi nous avons l’urgente obligation d’éduquer les jeunes à savoir d’où ils viennent et qui ils sont, s’ils veulent savoir un jour, où ils vont.
 
                                                                                                                                                                                                                               Thierry Aillet
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